« Dominique » de Cookie Allez

by Antigone XXI

 

 

Ca y est, c’est déjà l’heure du bilan de la 3è édition du Club de Lecture Féministe des Antigones ! A l’occasion de cette édition sur l’éducation et les stéréotypes de genre, vous aviez majoritairement voté pour le roman Dominique de Cookie Allez. J’ai hâte d’échanger avec vous à ce propos car je n’irai pas par quatre chemins : je n’ai pas aimé ce livre. Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel de son thème avec le résumé de la maison d’édition :

Dominique raconte l’histoire d’un bébé qui naît en 2002. France, sa mère, est la seule descendante d’une lignée de femmes qui – très jeunes, et pas de leur plein gré – ont enfanté une fille… Jeune idéaliste un peu inconséquente, elle a voulu ce bébé mais se refuse à lui imposer le sexe dont la nature l’a pourvu. Ainsi France va-t-elle s’ingénier à faire en sorte que Dominique puisse en toute liberté définir son genre sexuel. Cela part d’un bon sentiment : lui laisser développer sa personnalité sans subir les contraintes de la société… Mais l’engrenage est terrible !

Si j’ai choisi de partager ce résumé plutôt qu’un autre, ce n’est pas par hasard : son ton seul suffit à donner une idée de la manière dont l’autrice a choisi d’aborder le thème d’une éducation non-genrée. « Jeune idéaliste », « inconséquente », « s’ingénier », « bon sentiment », « engrenage », « terrible »… Que des termes pour le moins connotés. Le livre est à l’image de ce résumé de quatrième de couverture : à charge. Et à charge principalement contre la mystérieuse « théorie du genre ». Cookie Allez le dit d’ailleurs clairement lors d’une interview pour l’émission On n’est pas couché (à retrouver plus bas dans l’article) : « J’ai écrit une histoire pour voir ce que donnerait l’application à la lettre [de la théorie du genre], de façon extrémiste et ridicule, pas faisable sauf à faire quelque chose d’horrible, c’est-à-dire d’enfermer cet enfant et lui interdire tout ». Et je vous avoue que lire un roman de la Manif pour Tous, ce n’était pas tout à fait ce à quoi j’aspirais.

 

Confusions, caricature et essentialisme

 

Dans son interview, Cookie Allez déclare ne pas avoir choisi de parti-pris et d’avoir donné à entendre toutes les opinions sur le sujet. Soyons honnêtes, c’est faux. Si les premières pages restent relativement neutres, bien vite, le récit montre très bien de quel bord la narration se situe. Ainsi, pensant bien faire en ne dévoilant pas le sexe de Dominique à sa naissance, les parents, France et Gabriel, sont montré·e·s comme fabriquant en réalité « la plus insidieuse des oppressions » (p. 99). Les raisons qui les poussent d’ailleurs à faire ce choix sont à peine présentées et, quand elles le sont, elles apparaissent surtout comme une lubie étrange de Gabriel que sa pauvre épouse est bien en mal d’expliquer. Très vite, on comprend que Cookie Allez fourre absolument tout dans le même panier : « théorie du genre », féminisme et transhumanisme. Gabriel apparaît comme un savant fou dont le délire utopiste d’égalité des êtres humains passe par la création « de corps et de mentalités identiques », une « parfaite Egalité biologique […] pour atteindre le but suprême, cette Fraternité majuscule […] qui sauverait la planète » (p. 173-174). Pour cela, bien sûr, il faut « calmer le sexe » afin qu’il ne « colonise » plus les esprits et « calmer la libido des hommes grâce à la technologie » : « l’homme, augmenté de machines et diminué de cultures périmées, occupera tout l’univers et […] tendra vers l’humanité (p. 174-175). Pardon Cookie, mais élever son enfant loin des stéréotypes de genre et partir dans un délire d’anticipation transhumaniste, ce n’est pas tout à fait le même chose. Niveau « neutralité » donc, on repassera.

Admettons que les raisons pour lesquelles choisir d’élever son enfant de façon non-genrée ne soient pas (ou soient mal) expliquées, à la rigueur, mais qu’elles soient sans cesse caricaturées, déformées et qu’elles fassent l’objet de nombreux amalgames est passablement agaçant. Ce qui m’est le plus sorti par les trous de nez, c’est cette fameuse « gender theorie » que Cookie Allez évoque à tout bout de champs (au passage, soit c’est « gender theory », soit « théorie du genre » : tant qu’à moquer un truc imaginaire, autant bien l’orthographier). Parce que non seulement cette pauvre France se contente de suivre son mari dans ses lubies dangereuses sans avoir son mot à dire, mais en plus elle le fait au nom de cette fameuse « théorie du genre que toute la maisonnée entendait mettre en application » (p. 115). C’est au nom de cette théorie qu’on va ainsi « nier les différences innées qui se manifestent entre mâle et femelle chez tous les êtres vivants [et] interdire de développer naturellement des dispositions propres à chaque sexe » (p.121). Je crois que cela se passe de commentaire.

Au passage, n’hésitons pas à ponctuer le texte de petits éléments transphobes et homophobes (dans la bouche de la grand-mère anglaise : « Ca ne vous fait rien du tout que cette baby est traité comme un vulgaire tante ?! […] Ma petite-enfant est pas une pédé ! », p. 218). Oui, parce que, tant qu’on y est, confondons genre et orientation sexuelle : si les enfants peuvent « choisir leur sexe », selon l’expression de l’autrice, le risque est bien sûr d’en faire des petits homos en puissance. Soupir. Et tiens, si on se moquait un peu du féminisme, tant qu’à faire ? Car cette pauvre France soumise aux extravagances de son mari ne comprend pas bien non plus l’utilité de ce combat :

Avant de rencontrer Gabriel, France ne s’était jamais formalisée du sort réservé aux femmes. Dans son milieu professionnel, rien ne lui paraissait injuste. Même au temps où les femmes enseignaient sans se sentir frustrées par l’absence de e au bout de leur titre, tous les professeurs recevaient à peu près le même traitement et elle pensait que le mépris ou le respect que leurs manifestaient leurs pairs, ou les élèves, ne tenait qu’à leur propre mérite. Elle-même, en tant que femme, ne se sentait ni inférieure ni supérieure […] S’il lui arrivait d’en souffrir, elle n’en rejetait pas la faute sur la société ou sur le sexe opposé […] Globalement, elle était satisfaite de sa condition de femme : à aucun moment de sa vie, elle n’avait regretté ses deux chromosomes XX ! »

Et le traitement de Dominique, dans tout cela ? Un·e enfant constamment genré·e au masculin (car, il ne faut pas exagérer, c’est « le masculin qui l’emporte »), contraint·e de se vêtir d’habits intersexes gris, de vivre dans l’ignorance des sexes/genres (Cookie Allez confond manifestement encore les deux termes), en autarcie dans la maison familiale et qui, bien sûr, tournera mal (gros spoiler). Comment l’autrice pourrait-elle s’imaginer autrement une éducation non-genrée puisque, selon elle, « ne pas révéler son sexe à un enfant, c’est un mensonge vital, épouvantable » (interview ONPC) ? Bref, vous l’aurez compris, si vous voulez lire une parodie de ce que peut être le combat contre les stéréotypes de genre dans l’enfance façon Frigide Barjot, vous êtes au bon endroit.

 

Mais la théorie du genre, ça existe ?

 

Je crois que j’ai envie d’écrire à Cookie Allez pour lui dire qu’elle a été victime d’escroquerie : la théorie du genre, ça n’existe pas. Non, il n’y a pas une grande méchante alliance LGBTo-féministo-islamo-gauchiste qui souhaite couper le zizi des garçons, stériliser les jeunes filles et nier toute différence entre sexes biologiques. Ce qu’il y a, en revanche, ce sont des gender studies, autrement dit des « études sur le genre » de tradition anglophone, qui prennent comme objet d’étude le genre en tant que construit social. Il s’agit d’étudier l’ensemble des comportements individuels ou collectifs qui sont influencés, non pas par la biologie, mais par des marqueurs sociaux, économiques et culturels. Autrement dit, on étudie les raisons sociales qui font que le bleu est considéré dans notre société actuelle comme « une couleur de garçon ». Le genre n’est ni une théorie ni une idéologie : il s’agit simplement d’un objet d’étude et d’un outil conceptuel pour appréhender des réalités sociales.

A l’inverse, vouloir expliquer les différences entre garçons et filles par la biologie, c’est adopter un positionnement essentialiste. C’est, par exemple, croire que les garçons sont plus agressifs et dynamiques que les filles, car leur taux de testostérone est plus élevé (spoiler : filles et garçons ont globalement le même taux de testostérone jusqu’à la puberté). Ou que les filles sont inclinées vers les activités ménagères et les activités de « care », car elles sont naturellement douces et maternantes (bah oui, les filles, ça sert à faire des bébés !). Et qu’elles aiment le rose car elles portent les gènes du rose en elles (et le gène des licornes aussi). Les études de genre permettent justement de montrer la part de construit social qu’il y a derrière ces pratiques. Si un certain nombre de garçons sont plus agressifs et certaines filles plus en retrait, c’est parce qu’on les socialise ainsi dès la naissance. Autrement dit, votre fille sera tournée vers le rose, les robes et les paillettes, parce que, dès son plus jeune âge, on l’aura encouragée à développer ces goûts dits « féminins ». Et si les garçons sont davantage tournés vers les camions et les Lego, c’est parce que ces activités sont perçues comme des activités « masculines ». D’ailleurs, plusieurs études montrent que les très jeunes enfants – autant filles que garçons – sont davantage attiré·e·s par les poupées que par d’autres jeux, car elles représentent des êtres humains.

Un bon livre à ce sujet (en anglais), écrit par une professeure américaine de psychologie à l’Université du Kentucky et très accessible, même s’il s’appuie sur un grand nombre d’études scientifiques : Parenting Beyond Pink & Blue: How to Raise Your Kids Free of Gender Stereotypesde Christia Spears Brown. Si vous lisez l’anglais, je vous le recommande, car il offre des perspectives à la fois théoriques et pratiques sur ce que peut être une éducation sans (trop de) stéréotypes de genre.

 

Emission ONPC, 04/04/2015

 

Vers une éducation non-genrée

 

Je crois que ce qui m’a le plus agacée dans le livre de Cookie Allez, c’est bien sûr la manière dont elle dépeint ce que pourrait être une éducation non-genrée : vêtements gris, jouets intersexes, vie en autarcie… Excusez-moi, mais c’est un tissu de con***ies. L’idée n’est bien sûr pas de soustraire, mais d’ajouter ! Avec une éducation non-genrée, on ne prive pas : on démultiplie les possibilités. Personnellement, même si je n’ai pas eu une éducation entièrement non-genrée, j’ai grandi en jouant tout autant aux petites voitures qu’aux poupées. J’ai eu des robes roses à dentelles ET des T-shirts bleus informes. J’ai eu des pistolets à cartouche ET des Polly Pockets. Je me suis déguisée en Zorro ET en petite fée. J’ai été abonnée à Sciences & Vie Junior ET j’ai joué passionnément à la maîtresse d’école. J’ai lu la Comtesse de Ségur ET Fifi Brindacier. Je voulais devenir dessinatrice ET astrophysicienne. Je me suis inscrite au club informatique de mon collège ET j’ai joué pendant des heures à la dînette. J’ai eu les cheveux courts « comme un garçon », puis les cheveux longs, puis à nouveau courts, puis à nouveau longs. Mes frères ont, eux aussi, eu des poupées et ont fait des activités dites « féminines ». Et vous savez quoi ? Nous nous en portons très bien.

Bref, plutôt qu’enfermer les enfants dans une certaine identité de genre, qui condamne de façon binaire les petites filles à jouer à la poupée et les garçons aux camions, l’idée est bien de leur offrir la possibilité de développer leurs propres goûts et centres d’intérêts sans que ceux-ci ne soient dictés par des stéréotypes sociaux. Si votre garçon aime le rose, qu’est-ce qui le retiendrait d’en porter ? Ce que montre notamment le livre de Christia Spears Brown, c’est que la plupart des stéréotypes de genre sont inconscients et construits dans la très jeune enfance. C’est le fait par exemple de dire « Bonjour, petite princesse/mademoiselle » et « Bonjour, mon grand », de complimenter les filles sur leur apparence physique et les garçons sur leurs prouesses sportives ou intellectuelles, ou de dire aux premières qu’elles sont « mignonnes » et « adorables » et aux seconds qu’ils sont « forts » et « courageux ». Ces stéréotypes sont partout : à la maison, dans la rue, à la crèche, à l’école, dans les médias, dans les activités extrascolaires, etc. Même malgré nous, nous développons un discours, une attitude, des comportements genrés vis-à-vis des enfants, qui vont fortement influencer leur développement et jouer un rôle crucial dans l’émergence d’inégalités sociales. Il est donc difficile de les éviter.

 

Pourquoi ne pas révéler le sexe de son enfant ?

 

Ces stéréotypes inconscients, c’est précisément ce contre quoi veulent lutter les familles qui, comme celle de Dominique, font un choix qui peut paraître radical : celui de ne pas révéler au monde le sexe de leur enfant à la naissance. Contrairement à ce que pense Cookie Allez, il existe bel et bien des parents qui font un tel choix. C’est le cas notamment des parents de Storm au Canada, Pop en Suède ou Zoomer aux Etats-Unis. Cependant, leur expérience est très différente de la fiction inventée par Cookie Allez.

Tout d’abord, parce que l’idée n’est pas de cacher à ces enfants l’existence même des sexes et du genre, mais de les présenter dans toute leur diversité. La plupart du temps, les (très) proches sont au courant du sexe de l’enfant, car il est plutôt difficile de ne pas changer une couche sans voir ce qu’il y a dedans. L’idée n’est pas non plus d’attendre le plus longtemps possible avant de révéler « the big secret » : comme l’expliquent les parents de Zoomer, les enfants prennent souvent conscience de l’existence de différents sexes vers l’âge de 3-4 ans et s’auto-identifient alors. Il n’est pas question non plus d’enfermer ces enfants à la maison et de les élever en autarcie jusqu’à la puberté : la maman de Zoomer, par exemple, raconte dans cet article comment se passe la vie à la crèche pour son enfant. Comme précisé plus haut, l’idée n’est pas non plus de n’habiller son enfant qu’en gris, mais bien de lui permettre d’avoir une palette arc-en-ciel d’habits ! Enfin, les familles faisant le choix de ce type d’éducation n’optent pas pour le masculin par défaut, mais souvent pour le neutre (« they »), que facilite la langue anglaise, au demeurant très peu genrée. Ce qui est assez juste dans le livre de Cookie Allez, en revanche, ce sont les limites posées par la langue française à une telle pratique : quand bien même nous pouvons adopter le neutre « iel » ou « æl », le langage inclusif est rarement aisément applicable à l’oral et la plupart de nos adjectifs se déclinent au féminin et au masculin.

Si ces formes d’éducation non-genrée sont particulièrement intéressantes et donnent à réfléchir, on n’est bien sûr pas obligé·e de faire ce choix pour lutter à son échelle contre les stéréotypes de genre.

  • Cela peut commencer par faire attention à son comportement ou son discours avec les enfants : est-il différent selon que l’on pense s’adresser à une fille ou un garçon ? Favorise-t-on certains jeux ou certaines activités ? Certaines couleurs, certains vêtements ? Quels modèles leur propose-t-on ? Quel type de lectures ? Encourage-t-on de façon égale l’expression verbale et émotionnelle de ses enfants ? Laisse-t-on les filles prendre autant de risques que les garçons ?
  • Cela passe également par une attention portée à l’attitude de l’entourage de l’enfant : les activités que pratique son enfant sont-elles ségréguées par le genre ? Laisse-t-on des propos genrés ou sexistes être tenus devant son enfant ? Prend-on le temps de les expliquer par la suite et de donner des contre-exemples ? (« non, les petites filles ne sont pas moins courageuses que les garçons, regarde cette policière / super héroïne / pompière, etc. »)(« tu sais, les filles aussi peuvent devenir mathématiciennes, regarde ta grand-mère ! »)
  • Enfin, cela passe bien sûr par une écoute totale des aspirations de son enfant : souhaite-t-iel porter tel ou tel vêtement ? Jouer avec tel ou tel jouet ? Faire telle ou telle activité ? Souvent, on empêche les enfants de pratiquer un certain nombre d’activités ou de jouer à certaines choses sous prétexte qu’il s’agit de « jeux/activités de fille/garçon ». Quand on ne l’empêche pas, on ne l’encourage pas spécialement : une petite moue de désapprobation peut suffire à lui faire comprendre qu’il est socialement préférable de ne pas faire cette activité. Permettre à son enfant de grandir le plus à l’abri possible des stéréotypes de genre et bien dans sa peau passe par le respect fondamental de ses choix et désirs.

 

J’achève là ce long article, en espérant qu’il vous aura intéressé·e et permis d’aller plus loin que le livre de Cookie Allez sur le sujet de l’éducation non-genrée. N’hésitez pas à me faire part de vos remarques / avis / expériences en commentaire ! En attendant, ne manquez pas de retrouver très bientôt la prochaine édition du #CLFAntigones sur le blog de Pauline, Un invincible été ! On vous a concocté une très chouette sélection !

 

 

Et vous, qu’avez-vous pensé de ce livre ?

Que pensez-vous d’une éducation non-genrée ?

 

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29 comments

Miss Cherry 6 juin 2018 - 15 h 00 min

Mince alors quelle déception! J’avoue que je n’ai pas lu le livre parce que j’étais gênée par le fait que ce soit une fiction. Pour ce type de sujet, j’aurais préféré lire un vrai témoignage parce qu’on peut dire ce qu’on veut avec une fiction (preuve en est faite). J’imagine à quel point ta lecture a dû être difficile, surtout qu’elle cumule !!
Hâte de voir la prochaine sélection.

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Sarah 7 juin 2018 - 6 h 58 min

Tu as bien réagis je pense ! Quand on traite un tel sujet en fiction on y met forcément nos préjugés et on « fantasme » (pas de meilleur terme en tête ^^) positivement ou négativement mais dans tous les cas on est forcément loin de ce que ca serait en réalité.
L’histoire nous le prouve elle finit en petite destroye mal barrée dans la vie a cause de cette éducation .. mouais

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 13 min

J’aurais aussi préféré lire un témoignage ou un essai, car effectivement, rien n’indique que la fiction va nous apprendre véritablement quelque chose sur le thème. Personnellement, j’aimerais beaucoup que la maman de Zoomer, qui a une thèse en socio, écrive un jour un livre qui relate leur expérience !

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Emilie Leplat 6 juin 2018 - 15 h 31 min

J’ai lu ton article avec attention, et aussi les références à Storm et Zoomer. J’ai regardé aussi l’extrait de l’émission ONPC avec Cookie Allez. Je suis assez déçue de lire ses intentions derrière ce roman et n’ai plus trop envie de le lire du coup…(je n’ai pas eu le temps de m’y mettre). Je n’aime pas quand la fiction sert un propos moraliste non assumé, cette dame aurait du écrire un essai. En même temps, elle n’a pas l’air au clair avec les questions de sexe et de genre, une vraie pédagogie s’impose car je pense que la majorité des gens font cette énorme confusion et campent sur des positions conservatrices faute de comprendre l’idée simple que nous sommes conditionnés à des pratiques genrées dès la petite enfance. J’ai d’ailleurs envoyé ton article à des amis et à mon homme qui malgré ses positions féministes me sert parfois des arguments essentialistes du genre « c’est normal quelque part vous êtes faites pour materner biologiquement alors on ne peut pas lutter contre l’instinct ». Bouh il y a encore du progrès à faire tout en ne reniant pas ce qui fait qu’on devient femme ou homme. Essence profonde ou éducation? c’est encore difficile de faire la différence et le sujet est passionnant!

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 16 min

Merci beaucoup Emilie ! Si le sujet t’intéresse, je te déconseille effectivement de lire le livre de Cookie Allez, mais tu peux lire en revanche l’essai proposé dans la sélection la dernière fois : Du côté des petites filles, d’Elena Belotti.
Si tu lis l’anglais, le blog des parents de Zoomer est très intéressant : http://www.raisingzoomer.com/
D’ailleurs, la maman de Zoomer, Kyl Myers, a donné un TEDx en 2016 sur la question : https://www.youtube.com/watch?v=12t7PYilNQQ

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chutmamanlit 6 juin 2018 - 16 h 28 min

Et bien, moi qui m’intéresse beaucoup à la question, on peut dire que je suis heureuse de ne pas l’avoir lu.
Au début de ma lecture de ton article, j’étais un peu contrariée « Mais comment choisissez vous les livres ? Ne pouvez-vous pas vérifier qu’ils sont « safes » ? » Et puis, finalement, à la réflexion, je crois que c’est tout aussi intéressant de lire des livres qui ne sont justement pas féministes ! La preuve en est, ton article est extrêmement clair et répond très bien à la question de comment élever un enfant de manière non genrée intelligemment ; même si le livre du mois n’y répond pas donc !

À ce propos, je suis très bien placée pour savoir qu’à l’usage c’est plus difficile qu’on ne le pense ! Tellement d’automatismes sont ancrés en nous !

Mais du coup, pour en revenir à ma première interrogation, je suis curieuse de connaître votre processus de sélection des livres ? Quand vous choisissez un thème, lancez vous un appel à des livres qui pourraient coller ? Ou avez vous une liste de livres glanés ici et là que vous essayez de rassembler par deux ?

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 28 min

Alors, une chose importante à savoir est qu’il s’agit d’un club de lecture, pas d’un cours ! Autrement dit, la plupart du temps, Pauline et moi découvrons les livres en même temps que vous et ne les avons pas lus précédemment (même si nous avons souvent une bonne opinion de ce que ça peut donner). Il peut donc y avoir des ratés, comme c’est le cas ici, mais en même temps, comme tu le soulignes, ça donne l’occasion de remettre les points sur les i et d’approfondir le sujet (on s’est dès le départ dit avec Pauline que les articles de « bilan » seraient plus des articles de fond permettant d’explorer davantage la thématique que de simples critiques de livre).

D’autre part, nous avons dressé au préalable une liste de thématiques qu’on aimerait aborder, ainsi qu’une liste de livres qu’on aimerait lire. Ensuite, on essaie de les relier, mais bien sûr, ce n’est pas toujours possible ! En général, soit on part donc d’une thématique, soit on part de livres.
Quand on part d’une thématique, comme c’était le cas ici, c’est que nous avions toutes deux très envie d’aborder cette question : nous essayons alors de trouver des livres qui pourraient lui correspondre. En l’occurrence, comme je l’avais souligné la dernière fois, nous avons eu beaucoup de mal à trouver lors de cette édition des livres sur le sujet qui correspondent à nos critères (en français, pas trop chers, accessibles, etc.). Nous avons donc d’abord trouvé l’essai d’Elena Belotti, puis ce roman qui était recensé sur la Rainbowthèque (un répertoire numérique de livres en français LGBT+/MOGAI, donc a priori safe) : il y avait deux avis, dont un qui était très positif. On ne pouvait donc pas imaginer que le bouquin serait aussi terrible…
Quand on part de livres, c’est qu’on a très envie d’en voir un au programme (la dernière fois, c’était dans mon cas le livre de Françoise Vergès, que je venais de voir en conférence) et on imagine alors une thématique qui pourrait correspondre et un livre qui s’y associerait. Parfois, c’est plus fluide, les deux livres apparaissent d’un coup, ainsi que la thématique : c’est le cas de la prochaine édition, où j’ai déjà lu l’un des deux livres et Pauline a lu l’autre, ce qui fait qu’on est sûres à 100% de ce qu’on peut vous proposer (et que chacune sera ravie de lire le livre qu’elle n’a pas lu).

Voilà, j’espère que ça t’éclaire un peu sur le fonctionnement du club !

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chutmamanlit 7 juin 2018 - 13 h 30 min

Merci de ta réponse très complète ! Et merci pour votre book club en général, je prends beaucoup de plaisir à lire vos articles même si pour l’instant, je n’ai lu aucun livre en même temps que vous !
En tout cas, je rajoute à ma pile de livre à lire celui de Christia Spears Brown, ainsi que l’autre livre du challenge qui n’a pas été choisi 🙂

De mon côté, je me demande si j’ai des livres en tête qui auraient pu répondre à ce thème et aux critères :
– Je pense d’abord à Sociologie des enfants de Martine Court. Je ne l’ai pas encore lu donc je ne sais pas s’il est bien, mais je trouve le sujet extrêmement intéressant. Mais cela va un peu au delà du genre puisque c’est aussi une étude sur l’origine sociale ou le lieu de naissance
– Côté fiction, j’ai lu récemment Poppy et les métamorphoses de Laurie Frankel ; je n’ai pas adoré mais je ne déconseillerais pas pour autant ; c’est l’histoire d’un petit garçon qui, depuis tout petit, voudrait être une fille. Et, contrairement à Dominique, l’autrice de cet ouvrage a vraiment un petit garçon transgenre elle aussi, elle sait donc un peu plus de quoi elle parle.

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Vanessa 6 juin 2018 - 18 h 14 min

Je dois avouer que ce livre m’a un peu perdue. L’autrice mélange tout et n’importe quoi, c’est un véritable chantier qui finalement n’est pas assez centré sur le sujet.
Il aurait été intéressant d’écrire le livre avec une vision de Dominique plus appuyée. Au lieu de ça on se perd dans les fantasmes du père, de la folie de l’arrière grand mère, de l’absence de la grand mère et de l’effacement de la mère.
Je suis plutôt déçue par cette lecture et suis aussi curieuse, comme Chutmamanlit, de savoir comment vous faites vos choix.

Pour en revenir au sujet, je pense qu’un enfant, peu importe son sexe, peut grandir sans grand problème de genre tant que les parents le laisse faire ses choix sans imposer une norme, mais il doit savoir ce qu’il est biologiquement pour pouvoir se créer physiquement et mentalement. Il doit avoir un entourage fiable et de confiance pour grandir et assumer la vie qui sera la sienne. L’enfermer dans une bulle ne résoudra pas la tolérance d’autrui bien au contraire. L’Homme a peur de ce qu’il ne comprend pas.

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 30 min

Oui, c’est exactement ça : elle ménage tout. Et on n’entend quasiment jamais le personnage de Dominique, ce qui est bien dommage !
Pour le choix des livres, je viens de l’expliquer dans le commentaire ci-dessus 🙂

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Vanessa 11 juin 2018 - 23 h 10 min

Merci de ta réponse, j’ai lu le commentaire d’avant et je me suis doutée que vous vous organisiez un peu comme ça.
Je n’ai pas encore lu les livres de Françoise Vergès et Toni Morisson, mais je compte bien le faire car le sujet m’a l’air très intéressant et je pense que je lirais aussi du côté des petites filles.
En fait à chaque fois les deux livres que vous proposez avec Pauline sont toujours des sujets pertinents. J’ai toujours hâte de voir la prochaine sélection.
Merci à toutes les deux pour le temps que vous nous donnez.

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Marthe 6 juin 2018 - 20 h 33 min

Et bien, je te rejoins entièrement ! Je n’aurais jamais réussi à mettre en mots comme tu le fais si bien ce que j’ai ressenti en lisant ce livre, mais c’est tout à fait ça : une espèce de réduction caricaturale, comme si vouloir une éducation non-genrée, c’était réduire les champs de l’enfant et les appauvrir. ni bleu, ni rose : mon enfant portera du gris… Et la femme est vraiment présentée comme un être sans réflexion propre, puisque la mère passe son temps à dire aux gens de demander au père, qui lui a les arguments pour expliquer leur choix d’éducation.
Vivement la prochaine édition du #clfAntigones pour tourner la page de ce très oubliable roman ! 🙂

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 31 min

Oui, le rôle de la mère m’a passablement saoulée : « Attendez que mon mari revienne, il va vous l’expliquer ». De toute façon, je n’ai pas du tout aimé les personnages féminins dans cette histoire (bon, les masculins non plus…).
La prochaine édition devrait être plus heureuse, promis ! 😉

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Sarah 7 juin 2018 - 6 h 52 min

J’attendais ton post avec impatience !!
Moi je n’ai pas du tout aimé le style d’écriture de l’autrice que jai trouvé très mauvais !
Après sur le fond c’est vrai que c’est plutot pessimiste la manière dont elle décrit une telle éducation et donner a ses enfants une éducation non genrée ne veut pas dire cacher le sexe de son enfant aux autres ou a lui même.
Après c’est vrai que ca montre quand même la difficulté de donner totalement une éducation non genrée aux enfants car les stéréotypes passent par l’école, les amis, et de manière générale tout ce qui nous entoure donc si on a une sociabilité classique les stéréotypes de genre passeront inévitablement.
Après c’est vrai qu’elle mélange tout, elle dépeint ca de manière grossière.
En relisant mes notes prises sur le livre après lecture j’avais relevé qu’elle confond régulièrement le naturel du construit social. Mais c’est vrai qu’en lisant ta critique je me rends compte que c-etait encore plus réacc que ca !
Grosso modo très mauvais livre (comme je l’ai dit j’ai trouvé l’écriture très mauvaise très plate)

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 33 min

Effectivement, je me suis concentrée sur le traitement du thème et je n’ai pas parlé du tout du style d’écriture, mais je ne l’ai pas aimé non plus. Je ne dirais peut-être pas qu’il est très mauvais, mais je l’ai trouvé souvent assez ampoulé et pas vraiment fluide. Non seulement le traitement du sujet m’agaçait, mais je ne trouvais pas la narration très fluide. Bon, il a au moins un mérite : il est court et se lit relativement vite ! 😉

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Sarah 7 juin 2018 - 7 h 12 min

J’avais aussi noté que je ne comprenais pas le choix du couple décrit qui mettait en place une telle éducation et je pense que c-est aussi pour ca que tout son livre est biaisé. Je m’attendais a un couple féministe, engagé pour qui mettre en place une éducation non genrée répondait a des valeurs ! Alors que la c’est pas le cas du tout c’est juste pour faire une expérience scientifique. C’est tout a fait malhonnête: personne ne ferait d’experience scientifique sur ses enfants.
Tout le propos est forcément faux et biaisé si on part du postulat qu’un couple crée une telle éducation par expérience.

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La Nébuleuse 7 juin 2018 - 9 h 01 min

J’ai l’impression que c’est avant 3 ou 4 ans maintenant l’identification… En tout cas je m’occupe d’une petite fille de deux ans et elle en parle souvent. Et elle a déjà davantage de copines filles à la crèche, car elles jouent aux mêmes choses (et encore c’est une crèche qui fait très attention à ne pas enfermer les enfants dans des rôles !). Elle voit qu’elles portent des robes etc, bref tous ces signaux accélèrent beaucoup l’auto identification à la catégorie « fille », mais ça pourrait être moins le cas. Je sens que le livre dont tu parles m’aurais énormément énervée en tout cas… Mais ça donne l’occasion de refaire le point sur la question du genre et de l’éducation genrée, donc on en tire du positif avec ton article 😉

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Antigone XXI 7 juin 2018 - 11 h 41 min

Effectivement, peut-être que les genres sont marqués de façon prononcée avant 3-4 ans ce qui génère une auto-identification plus jeune. D’après ce que j’ai pu remarquer en tout cas dans les témoignages que j’ai lus ou dans le livre de Christia Spears Brown, un grand tournant est marqué par l’école (donc vers 3 ans), ce qui reste très tôt.
Personnellement, je n’ai pas du tout eu le souvenir d’avoir subi cette socialisation de genre à cet âge : j’ai toujours eu plus d’amis garçons que filles, je n’enviais pas du tout les Barbies de mes copines et leurs cartables à fleurs. Ce n’est vraiment qu’en classe de 5è que j’ai commencé à me rendre compte que, pour m’intégrer au mieux, il fallait que j’adopte un comportement plus féminin et que je traîne avec des filles. En 6è, je ne comprenais pas pourquoi on disait que mon meilleur ami était en fait mon amoureux et pourquoi on rigolait parce que j’avais invité 8 garçons et seulement 2 filles à mon anniversaire. Chez moi, ces influences de genre sont donc venues très tardivement et je trouve fou de voir que les enfants peuvent être conditionnés dès la crèche ou la maternelle…

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La Nébuleuse 7 juin 2018 - 11 h 45 min

Ah oui effectivement, j’ai en tête des enfants qui sont en crèche collective avec des rythmes déjà très similaires à l’école maternelle finalement, ça peut jouer ! Moi aussi j’ai plutôt eu la chance d’avoir des parents qui ne mettaient pas de pression là dessus, par contre dès la fin de la primaire (8-9 ans) j’ai eu conscience que c’était plutôt l’exception, et j’étais assez remontée contre ça sans arriver à mettre précisément de mots dessus

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Khno 17 juillet 2018 - 12 h 27 min

Le problème en réalité est celui de l’entrée en collectivité, ou entrée en société, qui oblige à la confrontation avec les systèmes sociaux (patriarcat, capitalisme, etc.). Lors de l’arrivée des enfants en crèche, il suffit d’un ou une enfant dont les parents encouragent (et pas simplement reproduisent inconsciemment) les stéréotypes de genre pour contaminer toute la crèche, car le patriarcat est un système normatif, où l’absence de « norme » peut vite être écrasée par le comportement normatif considéré comme le seul cadre possible – donc le seul affirmé. J’en parle pour l’avoir vécu, et par (plusieurs) expérience(s), il y en a toujours, même dans un environnement bienveillant et avec des parents ayant un capital culturel important. Cela peut arriver plus tard en maternelle, à l’école, au collège, au lycée, être plus moins atténué par les parents, mais ça reste l’enjeu d’un combat social, donc collectif, et pas juste « lifestyle ».

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AymAsh 7 juin 2018 - 13 h 25 min

Si ce livre a, au moins, le mérite de revenir sur certaines notions, je ne le lirai pas (déjà le titre me plaisait moyen…).
Je pense néanmoins que c’est plutôt « positif » d’avoir proposé ce livre en lecture. Le fait est que c’est quand même celui qui a reçu la majorité des voix de la 3è édition du Club….. Cela permettra sans doute une « deuxième lecture »… C’est aussi par là que passe le débat et il serait intéressant d’avoir des avis de personnes qui ont voté pour ce livre..

A titre personnel, je ne suis pas adepte de ce type de bouquin. Il faut avoir l’honnêteté d’afficher clairement son intention dès le départ plutôt que, finalement ici, jouer de la « moralisation » qui n’engage que son autrice.

Mes enfants connaissent leur sexe respectif depuis petits car ils ont vite vu la différence anatomique…mais sans la socialisation qui va avec (et pourtant…l’entourage…..!!!). Mon petit dernier est plus gracieux en robe de princesse que sa grande sœur quand ils descendent les escaliers, soit ! Sa grande sœur est toujours invitée à l’anniversaire de ses copains car plus « cool que les autres filles de la classe qui sont en clans ». Ils passent des heures à jouer ensemble à la poupée, ce que je trouve plutôt normal vu les heures que j’ai pu passer à jouer aux avions et aux pelleteuses avec mon frère…

Bref, je tente, à mon niveau, de laisser mes gamins libres de leurs choix, même si ce n’est pas toujours facile. Il reste effectivement encore beaucoup à faire.
Néanmoins, je trouve les enfants (sens large) très courageux et, malgré eux, ils apprennent finalement que la vie n’est pas toujours simple mais qu’ils n’ont pas nécessairement l’obligation de se conformer à la règle dominante.
C’est sans doute en cela que je note une grande différence avec ce que j’ai pu vivre étant enfant où, même si, au final, je ne m’attardais pas longtemps dessus, je ne pouvais pas échanger sur tout ce que j’entendais sur mon comportement de « garçon manqué » et qui me laissait parfois pensive…

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Christelle 7 juin 2018 - 19 h 14 min

Il n’y a que moi qui m’interroge sur le personnage du cousin ? La scène du bain m’a beaucoup perturbé. Je n’ai pas compris son intérêt dans l’histoire. Ce livre est curieux mais il a eu au moins le mérite de me faire réfléchir à cette thématique.

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AH 10 juin 2018 - 3 h 49 min

Un énorme merci pour cette critique. Je n’ai pas pu lire le livre de cette cession du CLF Antigone, et je suis ravie de me l’éviter !

Mère de deux enfants, un de chaque sexe, je commence à m’intéresser de plus en plus à la question de l’éducation genrée, volontairement ou non. Je fais des efforts, mais sans doute pas assez et trop anarchiques, et la lecture des études scientifiques me consterne: même en admettant que je donne à mes loulous une éducation non-genrée (ce qui n’est pas totalement le cas, hélas), la société dans laquelle ils évoluent se chargerait de tout casser.

Au quotidien, ce n’est pas évident d’avoir en tête pour nos enfants, nos rêves de bonheur, d’amour et d’amitié, de sécurité (mais sans ôter toute aventure), d’éducation scolaire et non-scolaire, d’égalité de genre/sexe, etc. Réfléchir à chaque seconde à ce que je dis à mes enfants, parce que quand je m’écoute, parfois, je pourrais me taper sur la tête tant je dis des horreurs quand je suis énervée/fatiguée/autre (je présente des excuses immédiates à mes enfants, mais tout de même, je l’ai dit)… et accepter de recommencer chaque matin un travail sans fin, contre les copines et les jouets roses en plastique, contre les copains et les « boys will be boys » (non !! Un « bully » garçon n’est pas plus acceptable qu’une fille !!), contre les gens qui disent à ma fille qu’elle est mignonne et à mon fils qu’il est grand et fort… et contre moi qui fais des erreurs constantes, malgré ma sensibilisation croissante, malgré mes efforts…

Néanmoins, je crois que je vais me renseigner de plus en plus, parce que plus j’en lis sur le sujet, plus l’enjeu me paraît gigantesque. J’aime mes enfants et je souhaite le meilleur pour eux: je crois que me bouger le derrière pour leur donner une éducation encore moins genrée qu’elle ne l’est actuellement est plus important que je ne l’avais pensé au premier abord. C’est un peu comme le véganisme au final: on met le pied dedans, et la science vous entraîne, que vous le vouliez ou non… je serai donc parmi les lectrices du prochain livre !

Deux questions:

– pourquoi ne pas utiliser le pronom « on » en Français, et « it » en anglais ? Je sais que « it » est une chose, d’où le « they » sans doute, mais « on » est une personne en français. Qu’est-ce qui empêche de l’utiliser ? Y a-t-il un problème que je ne vois pas qui nous en empêche ?

– avez-vous des articles sérieux à recommander sur l’écriture non-genrée ? J’écris tous mes mails à mes étudiants en écriture non-genrée, mais j’ignore si ceci a un impact sérieux ou est seulement un pansement sur jambe de bois.

Merci encore pour le club de lecture et l’article. J’aime les deux, beaucoup !!

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Gwen 14 juin 2018 - 10 h 44 min

J’ai attendu d’avancer ma lecture avant de lire ton article. J’ai bloqué effectivement sur les passages que tu cites entre autres. J’ai vraiment l’impression qu’elle ne s’est pas renseignée et vraiment ça se sent dans le manque d’arguments des personnages. C’est un peu une solution de facilité. Cela me paraît peu probable qu’on prenne cette décision comme ça. C’est même pas un travail sérieux d’autrice. Même si elle voulait développer des contre-arguments. Ou alors c’est mon côté journaliste qui parle… Et effectivement le transhumanisme… J’ai pas compris. ça part dans tous les sens.

Merci pour le conseil de lecture et tous les compléments d’info. Cela va me permettre de conforter mes connaissances théoriques. Je ne serais pas Gabriel et mon mari France incapable d’expliquer 😀 Si nous ne partons pas sur cette idée de non révélation après la naissance, si un jour nous avons un enfant, nous voulons réduire au maximum les propos/objets genrés.

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mam64 6 juillet 2018 - 17 h 17 min

Sur ce thème je vous conseille « Papa, maman, le genre et moi » de Michela Marzano. Clairement le titre est nul. Très certainement imposé par l’editeur pour raison de marketing. Car en réalité ce livre démonte un par un les arguments de la Manif pour Tous, réhabilite la vérité sur les études de genre (gender studies) et explique clairement que le sexe biologique, l’expression de genre, l’orientation sexuelle, et les pratiques sexuelles sont 4 choses différentes. 17€ mais je pense que ça vaut les 2€ de plus que « Dominique » 😉

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Antigone XXI 9 juillet 2018 - 7 h 58 min

Merci beaucoup pour la recommandation ! J’avais déjà entendu ce titre, mais je ne savais pas du tout comment il était !

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Virginie Bosquet 18 juillet 2018 - 10 h 07 min

Très bel article. Devant accoucher dans quelques mois, cette thématique m’intéresse tout particulièrement. Je n’ai pas lu le livre de Cookie Allez. Ce que tu en dépeinds, ne me donne pas du tout envie de m’y consacrer. Ce qui n’est pas le cas, par contre, de celui de Christia Spears Brown, que je lirai avec grand intérêt. Si tu as d’autres références en ce domaine, je suis preneuse 😉
Encore merci de prendre le temps d’écrire de tels articles clairs et détaillés. Bonne continuation à toi !

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aurorezlx 25 août 2018 - 17 h 40 min

Juste un petit mot pour te remercier du temps que tu prends pour partager tes avis, pour faire ces lectures, pour fournir des sources d’instructions à tes lecteurs… J’apprends beaucoup et suis heureuse que ton blog soit un lieu ressource pour moi et les questionnements qui m’habitent.
Je pense qu’il est très chronophage, mais vraiment, merci.

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Antigone XXI 28 août 2018 - 10 h 39 min

Oh, merci, c’est très gentil !

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