Hello à toutes et à tous !
Le mois dernier, Pauline et moi-même avons lancé la première édition duClub de Lecture Féministe des Antigones. Nous avons été les premières surprises de l’engouement que cette nouvelle a suscité et je suis aujourd’hui particulièrement heureuse de vous retrouver pour marquer le bilan de cette première édition et, surtout, vous parler du livre sélectionné à cette occasion : Nous sommes tous des féministes, de l’autrice nigériane d’expression anglaise Chimamanda Ngozi Adichie.
Cet essai, très court (à peine une vingtaine de pages), s’intitule We should all be feminists dans sa version originale et a été publié en français aux éditions Gallimard. Il est tiré d’une conférence TEDx donnée par Chimamanda Ngozi Adichie en 2012, qui a connu un très grand succès et a depuis été vue plus d’un million et demi de fois. D’ailleurs, en 2015, le livre a été distribué en Suède à chaque élève âgé·e de seize ans ! Comme nous l’avions souligné la dernière fois, la version française a choisi une couverture (et un titre) pour le moins agaçant. Du rose, des lèvres, le mot « féministes » écrit en tout petit : de toute évidence, il a bien fallu rendre le féminisme girly et accessible pour que le bouquin puisse espérer être un succès de vente. Personnellement, je l’ai donc lu dans sa version originale et, comme je n’ai pas la version française sous les yeux, je traduirai ici directement les extraits cités.
Et au niveau du texte, que faut-il en penser ? Voici un essai simple, abordable et relativement consensuel pour qui souhaite découvrir le féminisme. En peu de mots et à partir d’expériences vécues, Chimamanda Ngozi Adichie explore quelques unes des questions principales qui touchent aux inégalités de genre à notre époque : construction du genre, discriminations, stéréotypes, culture du viol, internalisation sociale, etc. Il comporte néanmoins certains points problématiques qui l’empêchent de sortir d’une vision essentialiste de la société et d’ainsi développer un discours féministe qui soit véritablement révolutionnaire et inclusif.
La pertinence de la lutte féministe
Le féminisme n’a pas toujours bonne presse dans notre société et cela, Chimamanda Ngozi Adichie l’a bien compris. Elle commence d’ailleurs son récit par une anecdote : celle d’un de ses ami·e·s qui, à l’adolescence, la traite de « féministe » de la même manière qu’on traiterait quelqu’un·e de « terroriste ». S’ensuit alors les multiples stéréotypes habituellement accolés au féminisme : les féministes n’aiment pas les hommes, les soutien-gorges, le maquillage ou le déodorant, et en plus, elles n’ont aucun sens de l’humour. Et si, pourtant, c’était possible d’être féministe ET de porter du maquillage ? D’être féministe ET d’avoir des chaussures à talon ? D’être féministe ET d’aimer être « féminine » ? En quelques lignes, c’est donc le tableau d’un féminisme pro-choix qui s’esquisse : un féminisme qui se rit des clichés et des apparences.
Et si ce féminisme n’est pas une haine des hommes, c’est bien parce qu’il bénéficie autant aux hommes qu’aux femmes, selon Chimamanda Ngozi Adichie. Car les hommes aussi, depuis leur naissance, doivent se conformer aux stéréotypes de genre qui les enferment dans une représentation de la masculinité étriquée et néfaste à l’ensemble de la société. C’est la raison pour laquelle nous devrions toutes et tous être féministes et élever nos enfants dans l’égalité de genre. Attention toutefois à ne pas invisibiliser la lutte des femmes sous la simple bannière de l’égalitarisme. Comme l’écrit Chimamanda Ngozi Adichie, « Le féminisme fait bien sûr partie des droits humains en général, mais choisir d’utiliser cette vague expression « droits humains » (ou égalitaristes) serait nier le problème particulier du genre. Ce serait une manière d’affirmer que ce ne sont pas les femmes qui, pendant des siècles, ont souffert d’exclusion. » Parce que les femmes subissent l’oppression masculine depuis des siècles, il est nécessaire de reconnaître et nommer celle-ci pour ne pas la nier, de la même manière qu’il est nécessaire de revendiquer que « Black lives matter » et non simplement « all lives matter ».
Enfin, Chimamanda Ngozi Adichie rappelle avec justesse la pertinence du combat féministe actuel. Ce n’est pas parce que la situation des femmes s’est améliorée dans bon nombre de pays et parce que l’oppression dont elles sont victimes n’est pas toujours visible que cette lutte n’est pas moins nécessaire. Bien que le féminisme développé par l’autrice ait un écho particulier dans la société nigériane, les expériences qu’elle relate témoignent de la situation d’une immense majorité de femmes dans le monde. Partout encore, sous forme inconsciente ou franchement avouée, on attend des femmes qu’elles investissent les tâches qui leur sont traditionnellement attribuées, comme la cuisine ou les activités ménagères. Partout encore, on différencie la sexualité des garçons de celle des filles, on reproche aux femmes de s’habiller trop court, trop moulant, trop aguicheur, et si un homme les agresse, c’est qu' »elles l’ont bien cherché ». Partout encore, les hommes occupent de façon écrasante les postes de direction dans les entreprises et les femmes PDG sont taxées de femmes « agressives », « autoritaires » ou « bossy ».
D’un féminisme consensuel à un féministe essentialiste ?
Qu’on ne s’y trompe pas pourtant : le livre de Chimamanda Ngozi Adichie n’est pas révolutionnaire. Si elle aborde des thèmes majeurs du féminisme actuel, on peut facilement expliquer le relatif succès de son ouvrage par la perspective très consensuelle qui y est développée. La définition du terme « féministe » que l’autrice adopte est peu ou prou la définition classique du féminisme libéral : « une personne qui croit à l’égalité sociale, politique et économique des sexes ». L’idée ici, c’est bien d’aboutir à l’égalité des droits entre les femmes et les hommes dans le système social, politique et économique actuel. A aucun moment ne peut-on voir une remise en question de ce système et des institutions dans lesquelles sont négociés ces droits. A aucun moment n’est émise l’idée de s’attaquer au système patriarcal. Les mots de « patriarcat » ou « domination masculine » n’apparaissent d’ailleurs jamais dans le livre. Notons au passage que l’autrice fait une place aux hommes dans ce féminisme que beaucoup qualifieraient d’excessive. Sans nier le rôle majeur d’alliés que peuvent jouer ces hommes, pourquoi ne pas plutôt souligner l’importance cruciale des femmes dans le combat pour leurs propres droits ? (ai-je été la seule à avoir été un peu surprise de la conclusion sur son frère ?)
Plus largement, si notre système social, politique et économique n’est pas remis en question dans l’essai de Chimamanda Ngozi Adichie, le modèle véhiculé par celui-ci non plus. Il n’est pas question de sortir du modèle genré dominant, mais simplement d’amener à l’égalité entre les deux genres socialement acceptés. Autrement dit, l’autrice ne s’affranchit jamais d’une certaine perspective exclusive, cissexiste et hétérocentrée. J’avoue avoir été choquée parfois par les propos tenus dans cet essai. Les premières pages sont criantes d’essentialisme : « Les hommes et les femmes sont différent·e·s. Nous avons différentes hormones, différents organes génitaux, différentes capacités biologiques – les femmes peuvent avoir des enfants, les hommes non ». Il est regrettable de parler de genre comme construit social et pourtant d’afficher ici un féminisme si peu au fait de la théorie queer et réduit à la lutte des femmes disposant d’un vagin. Chimamanda Ngozi Adichie verse ainsi dans une certaine transphobie, renforcée par ses moqueries sur l’éventualité d’hommes enceints. Par ailleurs, bien qu’elle souligne avec justesse le traitement différentiel de la « virginité » chez les hommes et les femmes, elle témoigne d’hétérocentrisme en laissant entendre que « la perte de la virginité est un processus qui implique d’ordinaire deux personnes de genres opposés ».
Bien sûr, la conférence donnée par Chimamanda Ngozi Adichie et l’essai qui en a été tiré s’adressent à un large public, peu au fait des problématiques liées au féminisme. Mais quel dommage tout de même d’en rester à une vision si classique du mouvement et d’ignorer ainsi les très nombreux travaux sur la théorie queer, l’intersectionnalité ou encore le féminisme trans développés ces dernières décennies. Quel dommage également de défendre le combat féministe en invisibilisant et en discriminant les personnes qui ne correspondent pas au modèle cissexiste et hétérocentré dominant.
Vous l’aurez compris, ce livre m’a quelque peu déçue. Si j’ai apprécié la justesse de certains propos et la prouesse d’offrir une introduction à un si grand nombre de thématiques féministes en si peu de mots, il est dommage que cet ouvrage donne de la lutte féministe une vision restreinte, peu au fait des débats et travaux sur le sujet, et problématique par certains aspects. Son succès s’explique très largement par la vision classique et consensuelle qui y est exposée, mais j’aurais certainement préféré voir un autre ouvrage plus inclusif et plus représentatif des problématiques abordées par le féminisme actuel être ainsi catapulté sous le feu des projecteurs.
* * *
Et maintenant, comme le second livre que nous vous avons proposé au choix la dernière fois, nous a beaucoup plu, Pauline s’est portée volontaire pour en faire une brève critique !
Le féminisme en 7 slogans et citations
Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu
À tort, forcément — sinon je ne serais pas là maintenant, à co-animer un pareil club de lecture — je m’imaginais encore il y a peu que je n’avais rien à apprendre sur le féminisme. Qu’il suffisait de se dire féministe et de se renseigner vaguement sur les problématiques d’actualité, pour être une « bonne féministe ». Aujourd’hui, non seulement je suis revenue sur cette notion de « bon féminisme », mais j’ai surtout compris que le féminisme, en tant que mouvement politique, avait une histoire qu’il était bon de connaître. Et que moi, ben, je n’y connaissais goutte, ignorante de mon état ! C’est donc avec grand plaisir que j’ai entrepris la pas très lourde tâche de lire les deux ouvrages au programme de notre première édition. Et j’ai été très heureuse de m’atteler au Féminisme en sept slogans et citations, tant j’ai pu apprendre de choses et en ressortir plus forte !
Je ne savais pas qui était Olympe de Gouges, quel genre de tumultes avaient secoué la France quand l’avortement était illégal, et tant d’autres choses. Évidemment, les sujets m’étaient familiers : je me renseigne à ma façon un peu dilettante sur l’intersectionnalité, sur les problématiques LGBT, depuis un moment maintenant. Mais le format à la fois ludique et pédagogique de la BD est une vraie manne pour apprendre en s’amusant, comme on me disait quand j’étais en CM1. Certaines planches m’ont fait grincer des dents, devant la cruauté réservée aux femmes il y a encore pas si longtemps, mais l’humour distillé le long des pages a permis de ne pas faire de cet ouvrage une lecture « déprimante », tout simplement éclairante.
Pour être tout à fait honnête, j’ai retiré plus d’enseignements de ce livre que de Nous sommes tous des féministes, qui était la sélection du club. Il correspondait plus à mes besoins, c’est-à-dire d’acquérir un peu de savoir théorique et historique sur le féminisme. Il m’a donné envie d’aller plus loin, de lire des biographies des femmes présentées entre les pages et quelques unes des références présentées en fin d’ouvrage ont rejoint notre banque de données pour de possibles futures éditions du club !
– Pauline
Et voilà, la première édition du #CLFAntigones s’achève, mais ne manquez pas de retrouver la présentation de la 2nde édition cette semaine sur le blog de Pauline, Un invincible été !
Rappels sur le fonctionnement du Club de Lecture Féministe des Antigones :
- Tous les mois, nous vous proposons de choisir entre deux ouvrages sélectionnés autour d’une thématique commune.
- Les éditions du club se retrouvent alternativement sur Antigone XXI, et le blog de Pauline, Un invincible été.
- Une édition implique un article d’ouverture, où l’on vous présente la thématique et les ouvrages, et un article de clôture, où on partage notre ressenti/analyse sur le livre sélectionné et lu.
- Tout le long du mois, nous échangeons sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #CLFAntigones.
- Nous vous invitons à partager vos avis sur la lecture du mois de la manière qu’il vous sied : directement en commentaire de nos articles bilans ou dans un article sur votre propre blog que nous relaierons.
- Vous êtes super déçu·es car votre choix n’est pas la sélection finale ? Ne vous privez pas de lire le livre qui vous botte le plus ! Vous pouvez nous envoyez votre mini-critique par mail, en cliquant ici ou là , et en indiquant « Club de lecture féministe » en objet : nous nous ferons un plaisir de la publier !
25 comments
Le principal intérêt que j’ai trouvé à ce livre est l’encouragement à poursuivre le combat féministe encore aujourd’hui alors que beaucoup pourraient penser que l’affaire est classée. Lorsque j’étais petite, les gens que nous rencontrions avec ma famille demandaient tous à mon frère s’il « faisait du sport, comme mon père », tandis que la question ne m’était jamais posée. Parce que j’étais une fille et que cela ne leur traversait même pas l’esprit que je puisse aussi être sportive! C’était il y a 10 ans à peine. Donc oui, il y a encore des choses à faire! Mais, je suis d’accord avec Ophélie, cela passe à mon sens par une transformation profonde de notre système patriarcal actuel. Et donc par l’éducation.
Je viens de le lire et de le chroniquer : il constitue une bonne introduction au féminisme, et même si c’est superficiel, il a le mérite d’avoir été largement diffusé et d’inviter à s’interroger sur les petites et grandes manifestations du sexisme ordinaire. Merci pour cette belle chronique, comme toujours ! Mais tu n’as pas trop parlé de la nouvelle qui suit. Est-ce que tu as lu Americanah de la même autrice ? J’avais beaucoup aimé !! J’ai hâte de connaître la prochaine lecture du club, pour pouvoir organiser mes lectures ce mois-ci 🙂
Bonjour et bravo pour cette initiative du club de lecture féministe. En effet, pour moi qui me sens l’âme d’une féministe convaincue mais qui n’a jamais rien lu sur le sujet, c’est l’occasion d’étoffer ma réflexion.
Et donc, même si le texte de Chimamanda Ngozie Adichie paraît, à première lecture, simple et consensuel, il a eu le mérite pour moi de m’interroger sur plusieurs problématiques qu’il serait trop long d’énumérer ici.
Alors, pour résumer, j’ai tout d’abord apprécié que l’auteur insiste sur le fait que nous devrions élever nos filles mais aussi nos fils différemment, dans l’égalité de genre. De ce fait, je me demande de plus en plus en quoi consiste cette « cage », cette masculinité étriquée, dans laquelle on enferme les garçons car je suis convaincue que l’on ne peut atteindre l’égalité des genres si on laisse la question de l’éducation des garçons de côté.
Néanmoins, je suis d’accord avec toi lorsque tu dis qu’il ne faut pas invisibiliser la spécificité de la lutte des femmes sous prétexte d’égalitarisme. Cela m’amène à évoquer le point qui m’a particulièrement intéressée dans ce texte : c’est la question de la construction des stéréotypes féminins et notamment cette phrase : « Parce que je suis femme, on attend de moi que j’aspire au mariage ; que je prenne mes décisions en gardant en tête que le mariage est la chose la plus importante. » En effet, je me suis reconnue dans ces mots qui m’ont amenés à une profonde introspection. J’ai ainsi pris conscience du fait d’avoir été biberonnée enfant aux dessins animés de princesse et aux stupides séries AB productions. Or, s’il y a un point commun entre ces deux types de programmes, c’est bien les stéréotypes féminins qu’ils mettent en scène : des filles passives qui ne créent rien, n’inventent rien, mais qui attendent patiemment qu’un garçon s’intéresse à elle pour se marier (un siècle à pioncer tout de même pour la Belle au bois dormant !).
Malheureusement, même si mes parents ne m’ont pas éduqué dans ce genre de stéréotypes, ceux-ci ont insidieusement infusé mon esprit via la télévision faute de modèles différents auxquels m’identifier et c’est à mon avis en partie pour cela que j’ai passé trop de temps et d’énergie à vouloir plaire quand j’aurais dû d’avantage chercher à apprendre, à créer, à me cultiver (rien n’est perdu heureusement !).
Bien sûr, je pense que tous les êtres humains de la terre, qu’ils soient homme ou femme, recherchent à tout prix à être aimés des autres, quoiqu’ils en disent, mais je trouve que les garçons sont d’avantage représentés comme des personnes actives tandis que les filles sont représentées comme des personnes passives qui ne s’accomplissent vraiment que dans leur rôle d’épouse et de mère, ce qui, par un phénomène d’identification, poussent ces dernières à imiter les modèles qu’on leur propose.
Alors, aujourd’hui, je suis enseignante de CE2 et mère d’une petite fille de deux ans. Je me sens donc pourvue d’une grande responsabilité quant aux modèles féminins que je vais présenter à mes élèves et à mes enfants.
En conclusion, Ophélie, je te remercie vivement de m’avoir donné l’occasion d’avoir pu mener cette réflexion grâce au club de lecture.
Il est intéressant de lire votre ressenti du livre mais je ne suis pas tout à fait d’accord. Pour moi elle a écrit ce manifeste plutôt en se basant réellement sur son expérience personnelle et sur son vécu. Elle donne sa vision du féminisme telle qu’elle l’a forgée tout au long de sa vie. Je ne trouve pas que le fait qu’elle ne soit pas inclusive (cf vision queer), donne l’impression qu’elle n’est pas complète. Il y a bien d’autres ouvrages et livres qui traitent le féminisme sans mettre en lumière le genre, et heureusement ! Maintenant toutes les visions sont différentes car surtout individuelles ( je pense qu’il y a autant de féminismes que de femmes et d’hommes ) et c’est à nous de nous nourrir des idées de chacun !
Tout à fait d’accord avec toi Rosa. J’ai apprécié la lecture, en la prenant pour ce qu’elle est: un témoignage individuel. J’ai également aimé la BD en apprenant beaucoup de chose, je pense l’offrir à ma nièce de 15 ans.
Merci encore Ophélie et Pauline pour votre travail et partage.
Pouvez-vous supprimer mon nom de famille? Merci….
J’avoue ne pas avoir lu Nous sommes tous des féministes car les retours m’avaient laissé méfiante, ou en tout cas peu motivée… C’est sans doute cet aspect un peu convenu qui est à l’origine du succès du livre, en fait. C’est peu risqué de le conseiller, de le diffuser etc. En revanche j’ai commencé la BD sur le féminisme que je voulais lire depuis longtemps et je la trouve vraiment chouette !
J’ai lu « Nous sommes tous des féministes » il y a environ 2 ans je crois, à une période où je commençais tout juste à m’intéresser au féminisme. Je me souviens l’avoir pas mal apprécié même si je l’avais trouvé assez général.
Quand je lis ta critique, cette vision des choses ne m’avait pas marquée à l’époque car j’avais une vision du féminisme encore très blanc et hétérocentré. Aujourd’hui, après avoir lu sur l’intersectionnalité par exemple ou écouté des podcasts sur le sujet je pense qu’effectivement je n’aurais pas le même ressenti que lors de ma première lecture.
Concernant la BD Le féminisme, je suis d’accord en tout point avec Pauline. Je trouve que c’est une excellente introduction sur le sujet, elle est très pédagogue et elle donne vraiment envie d’approfondir ce qui y est abordé. J’ai aussi noté les références de la fin pour de prochaines lectures. Je suis aussi allée faire un tour sur le site de cette collection de BD et il y a beaucoup de thématiques traitées qui me paraissent intéressantes !
Encore merci pour ce club, hâte de voir la prochaine sélection 😀
[…] ma part, je l’ai lu dans le cadre du club de lecture féministe animé par Ophélie d’Antigone XXI et Pauline d’Un invincible été. Je ne peux que vous conseiller, si le sujet vous […]
La présentation ne donne pas fort envie de le lire, mais j’ai beaucoup aimé « chère Ijewaelle », qui semble un peu plus développé mais sur la même base (ça fait environ 60 pages, c’est une lettre à une amie qui lui demandait conseil pour éduquer sa fille). J’apprécie surtout la transculturalité. Ayant vécu au Nigeria et aux Etats unis, elle arrive à ne pas opposer des situations pourtant toutes différente. Le chapitre sur le mariage (je crois comprendre que c’est assez proche du second livre), qui conclue sur l’idée qu’une fille élevée dans l’idée de se marier comme but premier aura forcement de grosse difficulté puis qu’aucun garçon n’est élevé dans cette idée là, me semble effectivement de bon sens (et on baigne dans cette culture, qu’on fasse attention ou pas).
Alors, oui, c’est assez light. Mais on est dans le cas d’une auteure qui utilise sa notoriété pour faire avancer les choses, et qui (et c’est loin d’être une idée bête), pense visiblement que les petites choses sont utiles. C’est un peu toujours le même souci: parlez à des gens qui sont déjà méfiant sur le terme « féminisme », et enchainez sur la notion de genre en rajoutant un peu lutte contre l’homophobie, il va rester… les convaincus.
On fait pas évoluer les gens en les agressant, c’est vrai pour toutes les causes. Or les questions de genre sont agressante. Vouloir les faire évoluer en douceur n’est pas la méthode la plus rapide, mais pas forcément la plus bête.
A part ça, ses romans sont à découvrir, et très loin de toute mièvrerie (je pense que la première réflexion que j’ai pu avoir sur le viol utilisé comme arme vient de leur lecture).
Je me retrouve beaucoup dans l’avis de Pauline sur le petit livre de Chimamanda Ngozie Adichie : je l’ai trouvé chouette, à diffuser, mais pas forcément « intéressant » pour qui est déjà intéressé par le sujet.
Du coup, j’ai très envie d’en apprendre plus sur l’histoire du féminisme, je crois que je vais me pencher sur ce deuxième ouvrage !
je cherche justement depuis qq temps un petit livre d’introduction au féminisme à offrir à ma filleule de 15 ans. j’avais pensé à celui ci mais peut etre as tu d’autres livres à conseiller, pas trop ardus ou longs?
J’apprécie beaucoup de lire vos retours sur « Nous sommes tous des féministes » et « Le féminisme en 7 slogans et citations ». Je vous rejoins totalement sur vos impressions (et oui, moi aussi j’étais un peu o_O* devant la conclusion de Chimamanda Ngozi Adichie sur son frère), ce qui me rassure un peu car je me demandais si je n’étais pas passée à côté étant donné tout le bien que j’ai entendu sur « Nous sommes tous des féministes ».
Pour autant la sélection m’a semblée un bon début pour reprendre certaines bases (en particulier Le féminisme en 7 slogans et citations ») et je ne suis pas du tout déçue d’avoir accordé du temps à ces lectures.
J’ai lu le livre « nous sommes tous des féministes » dans le cadre de ce club lecture, et j’avoue avoir aussi été extrêmement deçue par ce livre.
Je ne l’ai pas trouvé terrible, il n’aborde le sujet que de manière très superficielle et propose une vision de la femme qui me parait abberante d’autant plus quand on se dit féministe.
J’avais relevé un passage où elle disait je suis féministe mais je suis aussi une femme, j’adore être une femme me maquiller et porter des talons hauts.
Euhhh être une femme c’est se maquiller et porter des talons hauts ? Quelle vision étriquée et réductrice de la femme qui correspond bien a l’image de la femme que veut nous imposer l’industrie de la mode et de la cosmétique !
Dans mon élan, j’avais en même temps emprunté son autre livre (mais de 500 pages) Americanah et les mêmes reproches se font, mais sont peut être plus flagrants sur un livre de 500 pages qui frolent parfois (enfin c’est même un euphémisme) la superficialité, et l’admiration des peoples, et du monde bourgeois, des salons, des réceptions.
Bref je ne suis pas une grande fan de cette autrice.
Hate de lire la lecture de ce mois ci 🙂
Moi aussi, j’ai d’abord été « choquée » par cette vision de la femme et de la féminité à base de maquillage et de talons hauts car elle ne correspond pas du tout à la vision que j’en ai. Mais j’avoue que cette phrase m’a fait gamberger car elle m’a rappelé l’épisode de Cécile Duflot sifflée à l’Assemblée nationale pour sa robe à fleurs. J’ai le souvenir que cette tenue féminine l’empêchait d’être prise au sérieux. De ce fait, je me suis demandée si c’était possible d’être féministe en robe et talons hauts et aussi, pour qui une femme s’habille, et pour quoi. En fin de compte, j’en viens à penser qu’une femme ne devrait pas craindre d’être trop ou pas assez féminine sous peine de ne pas être prise au sérieux. Et s’il existe des ouvrages sur ce thème, je suis preneuse car je me rends compte que je suis vraiment ignare sur la question.
J’ai lu « nous sommes tous des féministes » et je n’ai pas été « choquée » de cette vision restreinte, je crois que c’est parce que dès le début on comprend la manière d’expliquer de l’autrice. On sait qu’on va être dans une visions cis et hétéro centrée.. Ceci étant, j’ai manqué d’analyse et l’ai lu en ne prenant que ce qui me « parlait » sans analyser ce qui me laissait perplexe. Je pense du coup le relire avec un oeil plus « critique ».
Ceci étant, je pense pouvoir facilement le mettre entre les mains d’ami-e-s pas féministes et pas forcément très ouvert. C’est simple à lire, c’est une bonne intro au féminisme « de base » (=égalité homme-femme).
Par contre cela ne m’a rien appris… je pense investir dans l’autre livre proposé.. Si quelqu’un veut me le vendre ou me le prêter ^^
Je viens de le finir. Il a l’avantage de présenter l’essence du féminisme « de base », l’égalité stricte de droits hommes-femmes, tout simplement, de manière intelligible et qui sera percutante pour les novices absolus en la matière. Je pourrais sans problème le prêter à des amis (sans -e-) qui ne se sont jamais posé la question, ou estiment comme le Louis du livre que « les choses ont changé aujourd’hui », sans voir l’insidieux toujours présent.
Note aussi pour la belle nouvelle à la fin, qui m’a personnellement plus touchée que l’essai. Belle recommandation, merci!
D’abord, merci pour cette belle vulgarisation et critique de ces deux ouvrages !
Sinon, pour ma part, « Nous sommes tous des féministes » est un doux livre d’intro pour un féminisme qui plait, beau et rassurant. J’avais l’impression de retourner vers le féminisme des années 60 ; liberté, égalité, droit et éducation. Qui s’y opposerait ? Chimamanda l’aborde avec humour et élégance.
Toutefois, sa vision féministe néglige la notion de classe dans laquelle tout le patriarcat s’exprime au sein du capitalisme. Chimamanda issue elle même d’une bourgeoisie africaine parle clairement d’une réalité de femmes privilégiées. J’insiste sur ce point car il est selon moi pressant de remettre en cause tout le système économique actuel qui attaque particulière les femmes. Chimamanda n’a qu’effleurer ce point crucial.
Néanmoins, son bouquin « démocratise » le féminisme en l’adoptant à la masse consumériste. Elle vulgarise les grandes lignes du féminisme et je crois qu’il faut au moins lui donner ce point.
Après ça, ce féminisme m’a paru vraiment superficiel. Pas à cause qu’elle aime les talons haut ou le maquillage, au contraire, j’aime ce féminisme qui adopte une « essence » féminine mais superficiel parce qu’il vise une émancipation économique de la femme. Une émancipation économique dans un système capitaliste. Pauvre épanouissement néo libéral…
Je n’ai pas (encore ) lu ces livres. Le bouquin qui m’a fait beaucoup réfléchir, dans mon adolescence (il y a bien longtemps) c’est Ainsi soit elle de Benoite Groult. Vous connaissez ?
C’est vrai que l’autrice ne fait la distinction entre hommes et femmes de façon transphobe au début, mais ce n’est pas une raison pour tomber dans le piège de se baser sur la théorie queer, assez libérale aussi, tout comme le transféminisme, devenu un mouvement prosex et proNB (genderfluid, xenogender, etc). Il est possible d’analyser le genre et la socialisation sans faire d’argumentation fallacieuse ou individualiste, base de ces deux mouvements actuellement. Sinon, très bonne critique, je vennais de lire le livre et suis d’accord sur tout le reste.
C’est étrange de regretter que le livre soit trop féminisme libéral et, dans le même temps, pas assez queer. Car mouvement queer et féminisme libéral se retrouvent sur beaucoup, beaucoup de points : le choix comme primordial, la place (importante) à laisser aux hommes, le fait que les hommes souffrent aussi… Un féminisme « inverse » du féminisme libéral ce n’est pas le « féminisme queer », c’est le féminisme radical.
Merci beaucoup Ophélie pour ton excellent article sur le livre de Chimamanda Ngozi Adichie. Je l’ai lu (en français) il y a quelques années et je pense la même chose que toi à son propos. Je lirai également l’autre livre présenté par Pauline, cela m’a donné envie !
pffff franchement cette critique est nul bien que très bien écrite, même quand une auteure féministe fais un bouquin super qui décrit un feminisme qui fait avancer la cause vous les missandre vous trouvez un moyen de tout ruiner avec vos » c’est pas assez extrême du coup c’est pas bien » franchement c’est nul et la critique pu la jalousie …
[…] de Chimamanda Ngozi Adichie. « Nous sommes tous des féministes » de Chimamanda Ngozi Adichie. Hello à toutes et à tous ! Le mois dernier, Pauline et moi-même avons lancé la première […]
[…] À titre de comparaison et avant de vous expliquer pourquoi je suis particulièrement agacée car il faut bien que j’avance quelques arguments, je tiens à vous montrer la couverture d’une édition américaine. Premièrement le titre. Si je traduis très bêtement et simplement celui-ci, cela donne « Nous devrions tous êtres féministes ». Ensuite, cette couverture rose tellement stéréotypée, avec le mot « féministes » écrit en tout petit sur le dessin d’une bouche censée apporter un je ne sais quoi de sexy et de féminin ? Chimamanda Ngozi Adichie a grandi au Nigéria où elle est née en 1977. Elle a écrit aussi bien des recueils de poèmes, des pièces de théâtre que des romans. « Nous sommes tous des féministes » ressources pour appréhender l'oeuvre. […]