Faut-il avoir honte du véganisme ?

by Antigone XXI

Source de l’image : veganfoodandliving.com

 

Quand j’ai commencé à travailler sur le mouvement animaliste, je commençais toutes mes conférences par une question, d’apparence provocatrice : faut-il abolir le véganisme ?

Qu’entendais-je par là ? Que les véganes doivent se remettre à manger de la barbaque et des chipolatas à longueur de journée ? Que nenni. Cette question est à mettre en lien avec un débat qui traverse le milieu animaliste depuis quelques années, de façon plus prononcée en France que dans les pays anglo-saxons. Ce débat, dont j’ai déjà parlé ailleurs (ici ou ), porte sur la stratégie à mettre en place pour défendre au mieux les animaux et entraîner un changement à la fois d’ordre culturel, social et politique portant sur le statut des animaux dans notre société. Plusieurs voix se sont ainsi élevées pour dénoncer la stratégie qu’aurait mise en place le mouvement animaliste ces dernières décennies, à savoir une « stratégie véganiste » (en français, par exemple ici et ).

Selon ses détracteur·rice·s, cette stratégie reposerait sur l’idée que ce qu’on peut faire de mieux pour les animaux, c’est consommer végane et augmenter le nombre de véganes dans le monde. Le problème, c’est qu’essayer simplement de convertir les gens à un mode de vie et d’alimentation occulterait la dimension sociale et politique de la question animale. Le risque également, ce serait de ramener la question animale à un simple choix personnel, et non à une problématique de justice sociale. Or, pour les opposant·e·s à la stratégie véganiste, ce qu’il faut essayer de changer, c’est la société, et non simplement les individus.

 

Véganisme consumériste et ethicwashing

Ce débat est important et ne doit pas être pris à la légère. Tandis qu’à l’heure actuelle, beaucoup de militant·e·s mettent l’accent sur l’alimentation et la facilitation du mode de vie végane, réfléchir aux limites de cette stratégie est nécessaire. Quand on regarde l’essor du véganisme dans nos sociétés, on est effectivement frappé·e par le formidable développement des offres végétaliennes au restaurant ou sur les étals des marchés. Le véganisme devient une tendance « à la mode », synonyme de coolitude et de stars de Hollywood en quête du dernier smoothie détox.

Dans cette perspective, le véganisme est réduit au mieux à un simple « mode de vie alternatif », privé de sa dimension politique. Au pire, il se limite à une pure tendance consumériste qui donne aux industries agroalimentaires les moyens de verser dans ce que je nomme l’ethicwashing (le « lavage éthique » ou les prétentions éthiques de façade), comme elles utilisaient déjà l’environnement à travers le greenwashing.

Pourtant, à l’origine et tel que je l’ai rappelé dans mon précédent article, le véganisme est un engagement éthique et un mode de vie politisé visant à mettre fin à l’exploitation animale et à promouvoir des alternatives à celle-ci. On est donc dans une lutte de justice sociale qui n’a rien à voir avec la détox et les jus verts.

 

Véganisme vs. antispécisme ?

Les personnes dénonçant la « stratégie véganiste » du mouvement animaliste préfèrent placer au centre de leur combat le terme d’antispécisme. L’antispécisme, comme on l’a vu, c’est ce qui s’oppose au spécisme, c’est-à-dire le fait d’assigner des valeurs ou des droits particuliers à des individus sur la seule base de leur appartenance à une espèce. Autrement dit, une discrimination arbitraire et difficilement justifiable. A l’opposé du spécisme, il y a donc l’antispécisme. Et dans l’antispécisme, il n’y a pas de place pour d’autres motivations que celle éthique. On n’est pas antispéciste pour la santé ou pour être cool : on est antispéciste parce qu’on s’oppose au système même d’oppression des animaux par les humains. On est donc uniquement ici dans un combat de justice sociale.

Réfléchir sur les stratégies à adopter par le mouvement animaliste pour être le plus efficace possible est extrêmement important. Tous les mouvements sociaux font de même et l’autocritique est un moteur essentiel des luttes sociales. Dénoncer l’écueil possible d’une « stratégie véganiste » du mouvement a de nombreux mérites, parmi lesquels celui de souligner que guider les gens vers le végétarisme ou le véganisme n’est pas la seule stratégie possible, que cette stratégie présente d’importantes limites et que d’autres manières de lutter pour les animaux existent.

Pourtant, cette dénonciation n’est pas sans poser problème non plus. Le risque d’opposer antispécisme et véganisme, combat éthique vs. dérive consumériste, est grand. J’en viens parfois à constater que, dans la bouche de certain·e·s, pour être un bon militant ou une bonne militante, il faudrait bannir le mot « végane » de son dictionnaire. Le véganisme serait un simple mouvement de consommation apolitique, teinté uniquement de recettes de cuisine fièrement réalisées par bobonne aux fourneaux. On en vient presque à se demander s’il faut avoir honte du véganisme.

 

Source de l’image : Pascale Salmon 

 

Sexisme, élitisme et mousse au chocolat

Pourtant, faut-il avoir honte du véganisme ? Je ne le pense pas. Quand j’entends par exemple une militante animaliste dire « On s’occupera de savoir comment on fait une mousse au chocolat sans œufs quand les poules ne seront plus exploitées », je comprends le pourquoi de sa pensée, mais j’y vois aussi un discours problématique. Pourquoi ?

1) C’est faire preuve d’arrogance : cette pensée manifeste un mépris pour toute forme de militantisme plus quotidien, moins visible, moins « héroïque ». Elle oublie surtout que « le personnel est politique », comme l’on souligné les féministes. En particulier, la cuisine est politique. A titre personnel, je me demande parfois si des autrices comme Marie Laforêt, qui ont écrit près d’une vingtaine de livres de cuisine végane, n’ont peut-être pas été plus efficaces pour la cause animaliste que certain·e·s militant·e·s de terrain (mais je me garderai bien ici de rentrer dans des considérations utilitaristes).

2) C’est sexiste : le mouvement animaliste, à l’heure actuelle, est composé à 70-80% de femmes. Or ces femmes utilisent souvent l’espace privé, l’espace du quotidien, en particulier la cuisine, pour faire avancer la cause animale. Ces femmes ont, de façon précurseuse, porté le véganisme sur le devant de la scène grâce à leurs blogs de cuisine, grâce à leur présence sur les forums, sur les réseaux sociaux. Ces femmes abattent les résistances de leur partenaire, de leurs proches et de leur famille. Bref, ces femmes font un formidable travail de popularisation du véganisme et de prise de conscience des enjeux de la cause animale. Comme je l’avais en particulier montré dans mon enquête sur les blogs de cuisine végane, ces derniers ne se contentent en effet pas de faire connaître et accepter le mode de vie végane : ils permettent de faire avancer la cause animale dans son ensemble. Alors, laisser entendre à toutes ces femmes que leur mousse au chocolat sans œufs, c’est bien beau, mais qu’on s’en fout puisque ça ne change rien au sort des poules (ce qui est faux), c’est nier leur rôle et leur importance dans le combat animaliste. C’est mettre encore et toujours l’accent sur les actions de terrain et la réflexion intellectuelle – activités dans lesquelles les hommes sont surreprésentés. C’est faire preuve de sexisme.

3) C’est élitiste : j’ai déjà entendu plusieurs responsables du mouvement animaliste déclarer que l’antispécisme était plus « intellectuel ». Je pose la question : veut-on séduire des profs de philo ou veut-on convaincre l’ensemble de la population ? Population qui, rappelons-le, a déjà souvent bien d’autres problèmes à gérer – des problèmes sociaux, de précarité, de racisme ou de discrimination. Une population dont un grand nombre se bat au quotidien contre des oppressions qui le concerne directement et pour qui savoir ce qu’il y aura dans l’assiette au dîner est une question majeure. N’oublions pas tous ces gens et gardons-nous bien de toute dérive élitiste dans le mouvement animaliste. Attention à la tentation de « pureté militante », qui fait parfois courir le risque de nous déconnecter complètement du grand public.

4) C’est oublier la psychologie des gens : l’exploitation des animaux est en majeure partie basée sur le fait de les manger. Cette action est psychologiquement et socialement chargée : elle est associée à du plaisir, des habitudes, de la sociabilité, des souvenirs, bref tout un ensemble d’émotions puissantes. Or un changement d’habitude peut faciliter ou préparer un changement de croyance : c’est justement parce qu’on a vu qu’on pouvait faire de la mousse au chocolat sans œufs qu’on accueille plus facilement les arguments d’éthique animale. Personnellement, même si cela me paraît un peu superficiel désormais, je sais que je me suis montrée bien plus ouverte à la question animale à partir du moment où j’ai compris que je ne sacrifierais pas mon plaisir culinaire à cette cause. Il faut prendre en compte cette psychologie sociale et ses moteurs d’action parfois inconscients.

5) Le véganisme est, par essence, politique : le véganisme, qu’est-ce que c’est ? C’est un boycott. On choisit de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées justes. C’est aussi un buycott : on soutient les entreprises que l’on juge justes. Bien sûr, il faut faire attention et j’insiste ici sur les limites de la consom’action  (j’y consacrerai un article). Ce n’est pas parce qu’on consomme les « bons » produits que l’on va changer le système d’exploitation animale – système qui participe intégralement du système capitaliste. Cela étant dit, le véganisme comme mouvement éthique a été créé 25 ans avant que le mot « antispéciste » voit le jour : autrement dit, il n’a pas attendu l’antispécisme pour parler d’éthique.

En conséquence, non, n’ayons pas honte du véganisme et ne l’abolissons pas.  Ne l’opposons pas non plus systématiquement à l’antispécisme et ne le remplaçons pas totalement par ce terme.

 

Pour une critique constructive de l’antispécisme

Les concepts de spécisme et d’antispécisme ne vont d’ailleurs pas sans poser problème et il convient également, comme on le fait pour le véganisme, d’adopter une posture critique vis-à-vis de l’antispécisme. Il y aurait beaucoup à dire ici et je vais me concentrer principalement sur deux points.

1) Le premier problème du spécisme, c’est qu’on le définit souvent comme étant à l’espèce « ce que le racisme est à la race et le sexisme au sexe ». Il s’agit donc d’un concept entièrement calqué sur ceux de racisme et sexisme. Or, d’une part, ces oppressions ne sont pas les mêmes et ce n’est pas parce que l’on combat une oppression qu’on combat nécessairement les autres, comme certains visuels le laissent entendre (je reviendrai plus en longueur sur les comparaisons d’oppression dans un autre article). D’autre part, on utilise souvent le spécisme de façon culpabilisante et moralisatrice. Traiter quelqu’un de « spéciste » (ou de « carniste », d’ailleurs) devient vite insultant dans la bouche des militant·e·s animalistes. Pourtant, n’oublions pas que nous n’avons la possibilité de nous passer entièrement de produits animaux que depuis très peu de temps. Très exactement, nous ne pouvons être de facto antispécistes que depuis la découverte de la B12 en 1947. Auparavant, les êtres humains n’avaient pas d’autre choix que de consommer des produits animaux pour survivre. Même si l’exploitation des animaux allait bien au-delà de l’alimentation et touchait à de nombreux autres domaines, il est problématique d’y voir une oppression dont nos ancêtres se seraient rendus coupables au même titre que le sexisme ou le racisme, pour la simple et bonne raison que leur survie en dépendait. Or il est à l’inverse difficile de justifier qu’on puisse être sexiste ou raciste par nécessité ou par survie. Ces formes d’oppression présentent donc des différences assez importantes.

2) Deuxième problème, qui est lié au premier : le concept de « spécisme », on l’a vu, a été calqué sur ceux de sexisme et de racisme. Il est utilisé sans forcément reposer sur une expérience propre de ces autres types d’oppression, ce qui peut conduire à les minimiser ou les effacer. Par exemple, quand Richard Ryder évoque le terme de « spécisme », on voit dans ses propos une certaine propension à présenter le racisme comme étant révolu :

La discrimination sur la base de la race, bien que tolérée presque universellement il y a deux siècles, est maintenant largement condamnée. De la même façon, il se pourrait qu’un jour les esprits éclairés abhorreront le spécisme comme ils détestent aujourd’hui le racisme.

Ecrire ainsi que le racisme est largement condamné, c’est nier la réalité sociale du racisme. Loin d’être révolu, le racisme est malheureusement bien d’actualité, tout comme le sexisme. De la même façon, j’ai déjà entendu des militant·e·s animalistes déclarer : « Avant, on se battait contre le sexisme et le racisme, maintenant c’est contre le spécisme ». Ceci pourrait d’ailleurs être rapproché des visuels qui font l’analogie entre l’esclavage et l’exploitation animale et qui laissent entendre que l’un est une réalité révolue, puisque le second a pris sa place socialement. Comment dire ? Non seulement il existe plus de 45 millions d’esclaves dans le monde à l’heure actuelle, mais n’oublions pas non plus les conséquences du système esclavagiste qui imprègnent notre société : les Afro-Américain·e·s, pour la plupart issu·e·s d’esclaves déporté·e·s d’Afrique à partir du XVIè siècle, restent, avec les Amérindien·ne·s, la classe sociale la plus défavorisée des Etats-Unis et subissent racisme structurel et discriminations sociales au quotidien.

Attention donc en utilisant le terme d’«antispécisme » à ne pas ne pas vider les autres oppressions de leur sens et ainsi affaiblir la lutte d’autres groupes opprimés.

 

Source de l’image : Grist 

 

Je suis loin d’avoir fait le tour de la question et beaucoup de choses encore seraient à dire ici. Personnellement, les termes de « véganisme » et d’« antispécisme » font tous deux partie de mon vocabulaire analytique et militant. Je les utilise chacun en identifiant leurs limites. Bien que je reconnaisse les mérites de l’analyse de la « stratégie véganiste », je m’interroge également sur sa pertinence : les mouvements véganes mettent-ils uniquement en oeuvre une telle stratégie ? Les choses sont-elles vraiment aussi manichéennes ou bien faut-il plutôt considérer la « stratégie véganiste » comme un outil heuristique nous mettant en garde contre une certaine dérive du mouvement ?

Dans tous les cas, il me semble que la meilleure stratégie est d’embrasser plusieurs fronts de lutte. A savoir, d’une part, lutter contre le spécisme et œuvrer pour les droits des animaux et, d’autre part, encourager chacun·e à intégrer ce combat à son quotidien en tant que praxis. N’oublions pas que, loin d’être seulement un mode d’alimentation, le véganisme permet la réalisation pratique de l’antispécisme : c’est ici et maintenant que nous pouvons faire du quotidien un processus libérateur et révolutionnaire. Nous n’avons besoin d’être ni des intellectuel·le·s, ni des activistes, pour agir. Notre pouvoir militant peut être ordinaire, inscrit dans la vie de tous les jours et dans la moindre de nos actions. Cela signifie que nous n’avons pas à attendre que des mouvements organisés ou des partis politiques revendiquent le combat animaliste pour défendre les animaux. Toutes et tous, nous pouvons entreprendre de changer les choses, de façonner par nos actes quotidiens l’alternative sociale envisagée. Et cela, ce n’est pas rien.

 

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47 comments

Anne-So - Ze PermaLab 15 février 2018 - 14 h 34 min

Comme toujours, mille mercis pour les passionnantes réflexions que tu suscites <3

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Antigone XXI 16 février 2018 - 8 h 10 min

Merci beaucoup !

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trochu 15 février 2018 - 14 h 55 min

Bonjour,
Merci tout d’abord pour ce très beau texte très explicite auquel j’adhère en grande partie, car j’ai constaté effectivement que le mot « végan ou véganisme » faisait ou pouvait faire peur à des personnes qui l’assimile « à une secte », donc, personnellement je parle de « végétal de végétalisme et végétaliens » et trouve que ça passe mieux. Le but n’étant pas de choquer et provoquer mais d’informer et sensibiliser les gens à une nourriture entièrement végétale avec tous les bénéfices qu’elle procure mais surtout par grand respect et considération des animaux donc, éthique. Il est donc important également de rajouter être opposée totalement à toutes formes d’exploitations animales dans tous domaines ce qui représente tout refus en provenance des animaux. Les gens sont alors très souvent gênés et demandent « mais tes chaussures, ton sac à main et ta ceinture sont bien en cuir eux » ! et devant une réponse catégorique d’un grand NON que du synthétique entièrement, ils le sont encore plus… Je suis la preuve vivant que l’on vit parfaitement très bien sans viande pour être une végétarienne de naissance par immense amour et sensibilité envers tous les animaux et végan depuis plusieurs années. Mon but principal est que de plus en plus de personnes ouvrent les yeux, leur coeur et qu’il y ait un éveil de conscience quant au fait de cesser définitivement de manger des animaux et tout ce qui provient d’eux, car de quel droit les manger ? de quel droit décréter qu’ils sont là pour ça et inférieurs » ? Ils ne sont inférieurs à personne juste différent et sont des personnes animales voilà tout.
MERCI beaucoup et à bientôt

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Marion Maillet 15 février 2018 - 15 h 25 min

Waouh. Beau «résumé» de la pensée de beaucoup je pense.
Je vais me permettre d’écrire un long commentaire …
Déjà, je suis absolument d’accord sur le mépris dans la fameuse phrase sur la mousse au chocolat sans oeuf. Lorsque j’avais pris connaissance de cette vidéo, je m’étais sentie violemment agressée alors même que j’étais végane et anti-spéciste. J’avais d’ailleurs tenté d’écrire sur mon ressenti puisque cela m’avait particulièrement touché. D’autres que moi, ami.e.s végé ou pas s’étaient sentis également fortement rabaissé.e.s.

Par ailleurs, je ne la suis pas du tout lorsqu’elle assène qu’être juste végane sans partir de l’anti-spécisme était contre productif (je ne me souviens plus de son terme exact). Lorsque j’ai arrêté la viande par exemple, jamais je ne m’étais imaginé devenir un jour végétalienne. Et ce n’est que trois ans après mon végétalisme que je me suis rendue compte que j’étais devenue anti-spéciste. Comme quoi … très certainement, si j’avais écouté cette militante avant mon changement d’alimentation (car oui, c’est d’abord l’alimentation pour beaucoup), je pense que j’aurais été écoeurée par la pensée de ce «mouvement». Les dogmatismes, très peu pour moi.

Pour ma part même, j’affirme que ce sont des livres comme celui de Marie Laforêt, ton blog, les partages de recettes et d’astuces avec mes ami.e.s […] qui m’ont amenée au véganisme et à l’anti-spécisme.

Je reste persuadée que prendre un ton supérieur, hautain ne fera que braquer les gens. Bien sur, on adorerait pouvoir faire avancer tout cela plus vite mais on ne peut pas aller plus vite que l’évolution de la société. Encore que, évidemment, j’imagine que cela dépend d’un tout : contexte économique, social, écologique … et de nos vies personnelles.

Bref, je vais m’arrêter là mais, une fois de plus, je te remercie pour ton article !
À bientôt !

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Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 24 min

Je pense qu’un problème récurrent de ce genre de discours, c’est la vision extrêmement figée et limitée de ce qu’est et ce que doit être le militantisme. Il y a mille et une manières de militer pour une cause et chacune apporte sa part à l’avancée d’un mouvement. A ce sujet, j’aime particulièrement la distinction qu’a apportée Chris Bobel entre « doing activism » (faire du militantisme) et « being activist » (être militant.e) (ici). Tout le monde peut s’engager dans des activités militantes sans pour autant s’identifier comme un.e militant.e et avoir une conduite militante 100% cohérente et parfaite.
D’autre part, un gros souci de certaines mouvances animalistes, c’est de toujours croire qu’en reproduisant exactement les stratégies de mouvements sociaux humains passés, on obtiendra exactement les mêmes effets. C’est bien plus compliqué que cela ! Outre les questions que pose l’exercice de reproduire des stratégies de lutte humaine vis-à-vis de la lutte animale (personnes concernées et non-concernées, contexte socio-historique, culturel et économique, etc.), le militantisme est en perpétuelle évolution : l’essor des technologies de l’information a énormément changé la manière de militer et il faut prendre en compte ce développement dans notre manière actuelle de militer pour les animaux.
Bref, il y aurait encore énormément de choses à dire… merci beaucoup pour ton commentaire !

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Marion Maillet 19 février 2018 - 20 h 35 min

Génial, merci pour le lien ! Quelques notions m’échappent à cause de mon manque de pratique de l’anglais écrit mais j’ai compris l’essentiel. Belle étude qui me fait réfléchir sur la façon de définir mon propre engagement en réalité.
En fait, en y réfléchissant, j’ai une vision «naturellement» négative des activistes car je les ai toujours associé à de la violence, ce qui me déplaît. Et pourtant, il y a de nombreuses actions non-violentes et pédagogiques qui entrent dans l’activisme et dans lesquelles je me reconnais. Je pense notamment au mouvement d’Attac contre Apple …
Je vais tenter de saisir plus correctement le lien, c’est toujours bon à prendre 🙂

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Emmanuelle Rivière 15 février 2018 - 18 h 01 min

Merci Ophélie pour cet article très clair, réfléchi, pondéré et documenté ! C’est une réflexion importante. Mais à mon avis, les deux stratégies sont compatibles et se nourrissent mutuellement ! On le voit bien ici au Québec, où le véganisme, la consommation éthique et le zéro déchet se conjuguent aux préoccupations sociales de bien des gens. Sans qu’on ait besoin de déterminer dans quel ordre se fait la prise de conscience, elle est incontestablement de plus en plus globale (en termes de nombre de gens, et en termes de domaines concernés).

Pour ma part, je pense sincèrement que la grande majorité des gens évitent ou refusent de penser au sort des animaux d’élevage justement parce qu’ils souhaitent pouvoir continuer à consommer de la viande, des oeufs et des produits laitiers. Alors que s’ils ont découvert, par leurs proches et leurs amis, qu’on peut se régaler et être en bonne santé avec une alimentation végétalienne, alors oui… ils pourront développer leur empathie envers les animaux au point de renoncer à encourager un système qui les traite de cette façon.

🙂

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Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 32 min

Je pense en effet qu’un changement de comportement peut entraîner un changement de croyance, et que ce n’est pas toujours l’inverse qui se produit. Dans le cas du mouvement animaliste, la défense des animaux vient se heurter à une chose que n’ont pas connue les autres mouvements de justice sociale passés : le fait de manger les animaux tous les jours et toutes les émotions qui y sont attachées. Quand le militantisme des suffragettes a permis d’obtenir le droit de vote des femmes, ce droit n’a impliqué aucun changement quotidien pour les hommes. Idem pour la fin de la ségrégation raciale aux USA vis-à-vis des personnes blanches. Ca n’a demandé aux groupes dominants aucun sacrifice ou changement radical dans leur manière de vivre au quotidien. Le projet d’abolition de l’exploitation animale implique de profonds changements chaque jour et c’est bien ce qui explique la résistance qu’il peut y avoir vis-à-vis de cette abolition. Il est donc extrêmement important de prendre en compte la psychologie des gens pour faire avancer la cause animale.

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Emmanuelle Rivière 20 février 2018 - 2 h 17 min

Tout-à-fait ! Et je connais bien des gens qui, comme moi, ont d’abord arrêté de manger du jambon et du poulet à cause d’un reportage sur leurs conditions d’élevage, ont découvert qu’ils pouvaient très bien se passer des deux (comme ils se passaient déjà de steak depuis belle lurette), et puis, un beau jour, après une discussion avec des amis véganes, ont arrêté de manger des oeufs et des produits laitiers… toujours sans aucun problème, puisqu’entre-temps j’avais découvert le merveilleux monde des légumineuses, du lait de noix, etc. (Et la vitamine B12).

En une dizaine d’années, je suis donc passée à une alimentation 100 % végétalienne, et puis j’ai découvert ton blogue, et je suis devenue « végane » (même si je continue d’acheter des pulls en laine d’occasion) – et mon militantisme consiste tout simplement à raconter cette histoire autour de moi, chaque fois qu’on m’interroge sur mes habitudes alimentaires (« et tes protéines, tu les trouves où ?), c’est-à-dire souvent 😉

Comme quoi, la société se change aussi (avant tout ?) via nos choix personnels. Comme disait Gandhi « Be the change that you want to see in the world ». J’ajoute que pour promouvoir l’empathie envers les animaux, c’est mieux de se montrer emphatique et ouvert, particulièrement dans les médias. Sinon, on invalide notre cause !

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Emmanuelle Rivière 20 février 2018 - 2 h 20 min

oups ! *empathique*, et non pas « emphatique » (comme le voudrait le correcteur automatique 😉

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soficerise 15 février 2018 - 18 h 25 min

Pour moi, la différence entre « végétarien » et « végane » c’est justement le côté politique qu’il y a derrière. Parce qu’on peut être végétarien pour sa santé, par allergie alimentaire ou que sais-je. Mais végane, c’est un choix purement politique de ne pas exploiter les animaux. Enfin c’est comme cela que je conçois ces deux termes.

Et je persiste à dire que c’est en cuisinant tranquillement, en faisant gouter aux plats sans animaux qu’on fait changer les gens. Pas en leur hurlant dessus et en les faisant culpabiliser. (d’ailleurs je vais aller lire de ce pas le papier sur les blogs culinaires)

Merci en tout cas pour cet article ! (qui fait un peu déprimer quand même : c’est comme pour le féminisme, on se tape entre nous pour tel ou tel terme, tel ou tel petit détail, alors qu’on a tellement d’autres débats/combats à mener !)

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Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 35 min

Je t’en prie ! Oui, on se tape un peu dessus et cela peut sembler dommage, mais si cela reste courtois et respectueux, je pense qu’il est très positif que l’on ait autant de débats ! Cela montre bien le dynamisme d’un mouvement, sa capacité à réfléchir sur lui-même et accepter la critique : refuser celle-ci et refuser le dialogue, c’est la politique du parti unique, c’est le dogme figé et c’est très problématique ! Vivent les discussions respectueuses et les débats constructifs 😉

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soficerise 3 mars 2018 - 20 h 44 min

(cela m’a fait bizarre de lire le papier en anglais 😉 mais il était très instructif ! Et m’a fait remarquer qu’en effet Cardinal, la féé Stéphanie et autres blogeurs culinaires que je suis ne parle QUE de cuisine et pas d’idéologie… Surement pour ne pas faire fuir ? Et en mettant (parfois) en lien des blogs qui justement en parlent pour ceux qui veulent chercher plus loin.)
Et oui les débats valent mieux qu’une pensée unique… tout à fait d’accord ! Mais cela parait tellement futile des fois..

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Azilis 15 février 2018 - 19 h 57 min

Merci pour ce super article, très complet! La pureté militante m’exaspère, la vidéo que tu linkes est affolante de mépris, c’est fou!!! Ces personnes ne se rendent pas compte à quel point leur raisonnement est classiste et intellectuel, et que tout le monde n’en est pas là, où n’a pas envie d’aller sur ces terrains là…
Bref, je vais retourner à mon non-militantisme culinaire, ça me va très bien (et spoiler alert, ça marche aussi!) 😉
Bises Ophélie

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Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 36 min

Merci beaucoup Azilis ! Oui, c’est assez fou, je trouve, et ça me donne d’ailleurs envie d’écrire un article sur la pureté militante ! (et un autre sur la police du véganisme, tiens !) 😉

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Charlier 15 février 2018 - 22 h 53 min

MERCI et félicitations pour l’article bien étayé. Je pense aussi que la meilleure façon de faire avancer les choses est de pratiquer et faire connaître la cuisine vegane en même temps que compter sur l’intelligence et la sensibilité des humains et même si cela doit choquer repasser les images et les vidéos des élevages et abattoirs avec les commentaires. En parler autour de soi. Puisqu’ainsi on fait valoir la cuisine vegane, sa saveur et son équilibre, pour les attirer et les rassurer et en même temps on leur fait connaître la vérité sur l’élevage et l’abattage

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Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 39 min

Je pense que la cuisine végane ne peut pas tout faire, loin de là, mais qu’il s’agit d’une dimension importante du combat animaliste, à ne pas mépriser. Elle a l’avantage de s’adresser aux gens en tant qu’individus et leur proposer des solutions aux questions soulevées par la cause animale, mais elle ne peut pas se passer d’un mouvement collectif plus global et politique, visant à repenser le statut des animaux non-humains dans notre société. Bref, il faut des deux !

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Tom Pouce 15 février 2018 - 23 h 11 min

Je fais parti des 20% et je suis 100% d’accord. Je crois que l’explosion du veganisme est une formidable opportunité pour le développement de l’anti-specisme. Il faut faire preuve de tolérance (y compris pour les nombreuses photos de recettes veganes sur les réseaux sociaux), montrer l’exemple… Par ailleurs les choses se font effectivement parfois progressivement… le veganisme lifestyle peut amener à l’anti-specisme politique. A propos de politique, la création en France du REV (Rassemblement des Écologistes pour le Vivant) me donne de l’espoir.
Ophélie merci de partager ainsi vos réflexions sur votre blog. Par ailleurs, j’ai beaucoup regardé les vidéos de vos conférences sur YouTube. Vous vous exprimez très bien et êtes très claire. C’est un plaisir de vous écouter. J’ai aussi acheté votre livre. Bon vous l’aurez compris, je suis fan!

Reply
Antigone XXI 19 février 2018 - 9 h 45 min

Merci beaucoup Tom, ça me fait extrêmement plaisir !
Je crois que je suis d’autant plus attachée à l’idée de chemins multiples pour mener à la prise de conscience politique que je ne suis moi-même pas venue d’abord à l’antispécisme par éthique, mais par le quotidien. Chez moi, après un dégoût initial qui m’a poussée à ne plus manger de viande et un déménagement dans un pays très vegan-friendly, ce sont la cuisine, les offres culinaires végétales et les blogs culinaires qui m’ont progressivement éveillée aux enjeux de l’éthique animale. Je pense qu’il est donc important de reconnaître la multiplicité des cheminements possibles et la marge de changement / progression de chaque individu, tout en ne perdant jamais le côté politique et social, bien entendu !

Reply
Rémi GUEHENNEUX 16 février 2018 - 0 h 06 min

C’est bien évidemment un sujet d’importance mais j’ai l’intime conviction que les positions ne sont pas si éloignées que ça. Je pense que si Yves Bonnardel avait dû ranger Marie Laforêt dans une case, il l’aurait mise dans la case « antispéciste ». Il pense que l’abolition passe notamment par un changement d’ordre culturel et qu’est ce qui est plus culturel que ce qu’on avale ici en France ? Pas grand chose. Et je crois qu’on peut en dire tout autant des nombreuses personnes qui en parlant de véganisme sur des blogs, en BD, dans les médias ou dans des livres, ont mis à mal bien des croyances.

La critique de la stratégie véganiste (et du mot végane) ne vise pas (pour Yves et ses compères des Cahiers en tout cas, pour TL c’est autre chose) à critiquer le véganisme du quotidien qui à son importance (symbolique et en termes de conséquences directes pour les animaux, bien que pour cet aspect là certains émettent des doutes) mais à rappeler que notre objectif n’est pas de rendre les gens véganes mais bien l’abolition de l’exploitation animale. C’est ce que beaucoup de militants ont tendance à oublier quand ils s’exaspèrent parce que leur interlocuteur ne veut pas devenir végane. D’autres quand ils enfilent leurs tenues d’agents de police végane pour partir à la recherche de la moindre impureté. Bien sûr que cette personne avec qui ont discute devienne végane à terme a une certaine importance mais ce qui compte au fond c’est de la convaincre ou de la persuader de la nécessité d’en finir avec l’exploitation animale. Après t’avoir lu, j’ai mis des mois pour devenir végétarien, et plus d’un an de plus pour devenir végane. Ce qui comptait réellement au moment où j’ai pris conscience du problème n’était pas ma consommation mais le fait que j’étais désormais au courant de l’injustice que constitue l’exploitation animale pour les animaux.

Ce qu’Yves et David reprochent à ces mots c’est qu’ils renvoient tout deux à des comportements individuels, à l’idée que la consommation de produits d’origine animale est de l’ordre du choix personnel et non pas une question de justice. Alors certes le véganisme n’a pas attendu l’antispécisme pour exister mais malheureusement ce qui se définissait en 1951 comme une doctrine est aujourd’hui considéré et surtout bien trop souvent défini par les véganes eux-mêmes comme un simple mode de vie. C’est avec joie que je constate que des personnes comme toi, Martin Gibert, Valéry Giroux ou Renan Larue essaient de redonner à ce mot toute sa dimension politique, mais je ne vois pas comment on peut le dépouiller de sa dimension individuelle.

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Chloé Somville 16 février 2018 - 9 h 27 min

Quel article ! Tu mets les mots justes sur ce que je pense depuis peu ! Merci à toi 🙂

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La Nébuleuse 16 février 2018 - 9 h 40 min

Merci pour cette réflexion qui fait énormément de bien, je pense que ce type d’article est fondamental. Je trouve le point 4 particulièrement efficace dans l’argumentaire, c’est justement un aspect dont on discutait hier avec une amie de la revue Ballast, avec laquelle on échangeait autour des entretiens qu’a donné Tiphaine Lagarde à la revue, qui nous ont fait pas mal réfléchir.. mais ont aussi fait ressortir de clairs désaccord malgré une certaine proximité politique. Notamment la non prise en compte de ces aspects psychologiques autour de la nourriture et d’une forme de condescendance qui peut en découler. Je suis donc d’accord avec 95% de ton article au moins ! Avec une petite nuance pour moi à la fin, car je pense que si c’est important de promouvoir les actions au quotidien, je déplore quand-même que le militantisme ait mauvaise presse (animaliste ou pas), sans doute que c’est un pas plus coûteux à sauter, qu’il y a beaucoup de choses à intégrer avant, que tout le monde n’en a pas l’énergie etc… Mais je suis assez dans l’optique d’encourager les personnes qui sont déjà pas mal sensibilisées à s’engager plus d’une manière ou d’une autre, que ce soit dans une asso spécialisée comme L214 ou dans des organisations politiques (ou l’offre pertinente est certes particulièrement peu développée, mais il y a des collectifs locaux, des formes associatives etc). Sans nier pour autant les efforts quotidiens, mais je ne mets quand-même pas exactement les deux sur le même plan. Ensuite on peut considérer que c’est complémentaire, que chaque personne qui vegetalise son alimentation agit dans la continuité des mouvements militants organisés. Mais pour que la continuité existe il faut déjà des organisations solides

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Milie 16 février 2018 - 10 h 24 min

Bonjour et merci pour cette réflexion, comme toujours très intéressante. J’aurais une question, un peu en marge…
Quelles que soient leurs motivations, il semble donc que le nombre de personnes optant pour une alimentation végéta*ienne augmente. De fait, existe-t-il des études permettant de déterminer si les ressources agricoles mondiales seraient (en théorie) suffisantes pour permettre une alimentation non carencée de la totalité de la population? En effet, une alimentation basée sur les végétaux demande force de cultures (avec comme corollaire la mise en œuvre de diverses pratiques culturales et leurs impacts sur l’environnement), sans parler d’un mode de vie totalement végane qui peut s’appuyer lui aussi sur des ressources végétales non alimentaires (excusez le raccourci). On peut donc s’interroger sur la faisabilité d’une population mondiale entièrement végane (avec les disparités que l’on connait et notamment la surconsommation d’une partie de la population).
Juste pour préciser: cette interrogation ne vise en aucun cas à faire de la provocation et ne relève pas du tout d’un parti pris, elle s’inscrit plutôt dans une réflexion globale et fait écho à des remarques que l’on a pu me faire. Merci d’avance Ophélie pour votre réponse!

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Matmout 16 février 2018 - 10 h 59 min

Bonjour,

Je me permets de répondre.
Vous oubliez de prendre en compte que les animaux dont on consomme la chair ont dû manger des végétaux tout au long de leur (souvent courte) vie, et que l’ont ne récupère pas toute cette énergie en les consommant (une partie est perdue pour former les os, se déplacer, maintenir la température corporelle, etc.). Donc in fine, pour faire court (on peut toujours discuter de cas particulier comme une vache qui serait nourrie entièrement à l’herbe, que les humains ne consomment pas), manger directement les végétaux est bien plus efficace d’un point de vue strictement énergétique et demande moins de surface agricole.
Donc pas de risque de pouvoir nourrir moins de monde en passant au tout végétal.
J’espère que ça répond à votre interrogation. 🙂

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Alix 16 février 2018 - 11 h 02 min

Bonjour, Merci pour ce super article, superbement écrit et fourni ! Je fais aussi partie de 20% et je suis d’accord sur quasiment tout l’article. C’est tellement difficile de savoir comment se positionner lors des discussion ou des échanges pour ne faire peser un jugement sur ce que font les autres, pour ne pas leur faire sentir que ce qu’on fait est « mieux » ou  » plus juste ». On voit d’ailleurs rapidement les limites des arguments de consommation anti produits-animaux avec des réponses « Oui mais c’est pas le meme gout » ou « C’est plus compliqué que la version classique ». Mais ne lachons rien, persévérons, chaque goutte d’eau importe, comme le dit Pierre Rhabbi. Sans rabaisser qui que ce soit, on fait notre part sur le sujet !
A propos de la mousse au chocolat : on ne peut pas bien sur pas faire avancer la société et les états d’esprits avec uniquement de la cuisine , chaque petit pas est à prendre comme tu l’as si bien dit. Je dirais simplement une petite chose : chaque petit pas est important tant qu’on ne perds pas la finalité ! Bien sur, on mets tous plus ou moins de temps pour assimiler les choses, pour changer ses habitudes, ses gouts etc… Garder le cap =)
Bon courage a tous ceux qui entament ce chemin, quelque soit leur progression ne lâchez rien 🙂

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marielaine 16 février 2018 - 11 h 19 min

Bravo pour cet article et merci de me dédouaner par un article aussi complet.
Je me considère comme la « dame dans sa cuisine » qui fièrement fait évoluer les gouts et les saveurs de sa petite famille et de ses amis. Par ailleurs, j’adore entendre mon mari (grand carnassier devant l’éternel) me dire « vraiment j’aime de plus en plus les légumes »… Ok je fais plus souvent des plats végé, mais avant aussi il mangeait des légumes ?
En fait c’est vrai qu’en modifiant ma façon de cuisiner il a redécouvert la saveurs des légumes et des épices et de la la même manière en modifiant notre façon d’acheter et de consommer, il a redecouvert un mode vie que nous avions enfants (nous avons respectivement 60 et 56 ans).
Cette saveur là, celle des gouts et de l’économie nous l’avons retrouvée et pour notre plus grand plaisir.

PS : mes filles, nièces, fils, gendre et neveu cuisinent aussi de plus en plus vegan et se régalent car ils sont restés très goumands 🙂

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Matmout 16 février 2018 - 11 h 27 min

Hello,

Article super intéressant, qui ramène un peu sur terre les discours déconnectés du réel à la Tiphaine Lagarde. Merci. 🙂

Pour le point 2, j’ai néanmoins du mal à saisir, comme je te l’avais dit il me semble. Donc je poste là au cas où ça intéresserait d’autres gens, ou que quelqu’un puisse m’éclairer.
En quoi ce discours est sexiste ? Pour moi ça discrédite ce qu’on entend en général par la « féminité » (approche en douceur, cuisine, etc.), et pas particulièrement les femmes. Tiphaine Lagarde est une femme (avec un côté « masculin » prononcé), et l’inventeur de l’aquafaba, qui permet de faire une mousse au chocolat végane, est un homme.
Donc je comprends l’idée derrière, qui consiste à dire que les approches « féminines » sont trop souvent dénigrées, car moins « héroïques » et tout, comme tu le décris bien. Mais pour moi, parler de sexisme, c’est alimenter une guéguerre de sexe qui est malvenue. Il y a des hommes assez « féminins », comme des femmes assez « masculines ». Je pense que les femmes peuvent faire valoir leur crédibilité et compagnie sans avoir besoin de taper forcément sur les hommes ou les approches masculines (tant que ces dernières ne se font pas en dénigrant les approches féminines, comme c’est le cas dans le discours de Tiphaine). Sinon c’est juste créer le problème inverse.
Bref, pas envie de lancer un débat, mais pour résumer, j’aimerais bien ta définition de sexisme, qui correspond pas à la mienne. Ça m’éclairerait, parce que je pense qu’au fond on est d’accord. ^^

Et deuxième remarque (je vais faire court pour pas relancer un débat sans fin sur l' »invisibilisation » hypothétique des autres oppressions) : pour la définition de Ryder, c’est juste l’observation d’un fait pour moi. Si tu vas dans la rue est que tu sondes les idées des gens, le racisme est clairement très majoritairement condamné. Et c’est pas du tout le cas de spécisme. Ça s’arrête là ce qu’il dit. C’est juste un constat, qui ne veut pas dire que le racisme a complètement disparu.
Et le parallèle avec le racisme et le sexisme vient encore de la définition. Pour moi, je n’y vois aucun problème, puisque mes définitions sont les suivantes :
– Le racisme est la discrimination arbitraire fondée sur la « race ».
– Le sexisme est la discrimination arbitraire fondée sur le sexe.
– Le spécisme est la discrimination arbitraire fondée sur l’espèce.
Bref, j’attends de voir l’article que la comparaison des oppressions.

Voilà. Comme d’hab, je développe plus les quelques points de relatif désaccord, mais j’aime beaucoup l’article dans son ensemble, qui fait vraiment du bien après avoir entendu Tiphaine Lagarde dénigrer « le militantisme du dimanche » à chaque vidéo (c’était vraiment chiant parce qu’elle disait des trucs super intéressant parfois, mais fallait toujours qu’elle case son dédain quelque part). Comme tu le dis bien, « Dans tous les cas, il me semble que la meilleure stratégie est d’embrasser plusieurs fronts de lutte. »

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Gwendoline Nydegger 16 février 2018 - 12 h 56 min

Très joli article! Merci pour cette analyse
Je vois dans mon entourage qu’effectivement le mot végan est souvent identifié à un mouvement extrémiste presque sectaire ou associé à un effet de mode.

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Gaëlle 16 février 2018 - 18 h 11 min

Alors, 1) mille mercis pour cet article super intéressant, très bien écrit et référencé (de quoi m’occuper pour les deux jours de vacances qu’il me reste)
2) je me questionne sur la comparaison qui est faite entre le véganisme et d’autres mouvements historiques (Ghandi, Martin Luther King, entre autres) dans le premier article que tu cites sur la stratégie véganiste. J’ai l’impression que le « mouvement végane » est beaucoup moins personnifié que l’indépendance de l’Inde (on pense direct à Ghandi) ou contre la ségrégation raciale aux Etats Unis (je reprends ces exemples mais il y en a plein d’autres). Lorsqu’on parle de végane, de mouvement végane (ou toute autre appellation), on cite moins Brigitte Gothière que L214, des têtes pensantes que ‘les vegan’ (la preuve, je n’ai pas d’autres exemples)(bon, c’est peut être de l’inculture, mais bref). Alors, dans un sens c’est ce que reprochent les défenseurs de l’antispécisme, pour qui les revendications ne sont pas assez exprimées (en s’appuyant sur des exemples historiques). Mais est ce que ça ne fait pas une des particularités du veganisme/antispécisme, qui lutte pour des individus qui ne peuvent pas le faire eux mêmes ? J’ai un peu de mal avec la comparaison avec les mouvements cités dans l’article puisque dans ces cas, les opprimés peuvent s’exprimer, alors que le véganisme lutte pour d’autres individus; les modes d’action ne sont pas les mêmes.
Deuxième point et j’arrête, toujours sur cette histoire de comparaison, c’est que le véganisme/antispécisme n’a pas les mêmes moyens de lutte que des mouvements qui ont 50, 60 ans voire plus. On a Internet, les réseaux sociaux, de l’information partout et tout le temps. Alors dire « je suis végane » et pas « je lutte contre les abattoirs en boycottant », ce n’est pas discréditer le mouvement car les revendications sont connues du public. C’est surtout montrer que le véganisme est possible (pour ceux qui ne savent pas), pour donner des exemples. L’alimentation omnivore est ancrée depuis des milliers, millions d’années, à côté le racisme, les discriminations telles qu’on les connait aujourd’hui sont toutes récentes. On n’agit pas pareil pour déconstruire des ‘habitudes’ qui ont des histoires aussi différentes.

Bref, je suis désolée d’avoir autant écrit (je n’attends pas forcément de réponse ahah, peut être que tu as écrit quelque chose – si c’est dans ton livre, sache qu’il est tout en haut de ma pile – ou que tu as un article dans un coin qui traite un peu de ça ? ), en plus avec des formulations largement hasardeuses et aucune notion en la matière (j’espère que je ne passe pas à côté de la plaque et que tu auras au moins pu me comprendre un peu ! ) mais sache que, 3) je commence à bien m’habituer au ryhtme jeudi-Ophélie (ça n’a pas été bien compliqué) alors j’espère que ça va continuer ! 🙂

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AuroreVoyage 17 février 2018 - 5 h 33 min

Super réflexion très poussée. Pour ma part, je suis végétarienne ( j’ai arrêté le poisson il y a seulement quelques mois, la viande depuis toujours). Mais tous les blogs de cuisine ont contribué à me donner l’idée que je pourrais facilement devenir végétalienne, parce que nous trouvons tout dans la nature sans avoir à exploiter l’animal, et qu’en plus aujourd’hui, l’industrie s’y met aussi pour nous faciliter le travail. Je pense sincèrement qu’aujourd’hui, seuls quelques abrutis se moquent encore du mouvement végan, mais que beaucoup y réfléchissent même s’ils ne passent pas le pas !

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Les Petits Pas de Juls 17 février 2018 - 11 h 20 min

Un article clair, posé et réellement bien argumenté comme on les aime et comme ils sont faciles à partager au plus grand nombre. C’est en effet de cette manière-là et non d’une façon moralisatrice, condescendante ou donneuse de leçon que les choses avanceront, tant sur le front du véganisme, de l’antispécisme, du zéro déchet, de la protection de l’environnement, de la protection des personnes, contre le racisme et le sexisme.

J’apprécie toujours ta façon d’expliquer ton point de vue et suis ravie d’y adhérer, même si mon chemin vers ces objectifs est encore long.

merci.

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Romain 17 février 2018 - 21 h 06 min

Faut-il avoir honte du carnisme ?

Merci pour cet article. Je lis souvent ce blog bien que je n’en partage pas tout à fait les idées. La consommation de viande ne me pose pas de problème. La mort nécessaire d’un animal au profit d’un autre me semble faire partie de la vie. On ne fait pas le procès du lion pour le meurtre de la gazelle. Meurtre dans la souffrance assez souvent.
Le premier problème réside donc déjà dans le « juste » prélèvement de viande nécessaire à notre survie : 100 g par jour pour avoir nos 2,5 microgrammes de vitamine B12. Parfois moins suivant le type de viande.
Le second problème moral vient plutôt de la façon dont vivent puis meurent ces animaux. Exploités, diminués, ravalés au rang de ressources ou de marchandises, tués dans des conditions scandaleuses et dans une violence de masse inexcusable.
Qui doit-on accuser ? Le consommateur de viande ? Ne faudrait-il pas plutôt regarder du côté d’une société de marché, de profit, de croissance où tout n’est pensé qu’en valeur d’échange ? Votre article met en évidence cette récupération du mouvement végane par l’industrie agro-alimentaire comme cela a déjà été le cas du bio et aussi auparavant des « alicaments ». Prochaine étape ? la récupération de l’antispécisme par cette même industrie : viande synthétique au menu, compléments alimentaires génétiquement modifiés et j’en passe. Toujours pour les mêmes profits, toujours avec les mêmes conséquences pour la planète… et les animaux censé être défendus !
Le cas de la vitamine B12 est à ce titre emblématique et je trouve dommage que ce ne soit pas plus évoqué alors qu’un simple tour sur la page wikipédia en donne toutes les informations : synthétisée à partir de micro-organisme génétiquement modifié, produite à 90% pour la croissance des animaux d’élevage et justification du mouvement végan, allez comprendre ?? Incohérent ? Paradoxal ? Non, tant que le mouvement végan n’aura pas compris que l’ennemi n’est pas le carniste ou le spéciste mais bien le capitaliste, le financier, la croissance, la recherche du profit.

Donc, le programme : on cultive notre bout de planète, avec des poules et des lapins dedans, on vit en compagnie des animaux (et non avec des animaux de compagnie !), on les nourrit, on les soigne et au terme d’une vie bien remplie, et bien au lieu de les enterrer au fond du jardin, on les mange ! Horrible ? Et pourquoi ? Sans souffrance, dans un respect le plus absolu de la vie qui est donnée, en conscience et avec amour, pourquoi pas ? De toute manière puisqu’entre OGM et viande il faut choisir, je préfère choisir (un tout petit peu de) viande.

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Matmout 18 février 2018 - 9 h 53 min

Bonjour,

Le lion n’a pas le choix : il doit manger de la viande pour survivre. Nous, humains, avons le choix, et c’est là toute la différence. Si on commence à justifier des comportements humains en disant que les animaux le font ou que « c’est comme ça, c’est la nature », on est mal barrés : violence physique, viols, meurtres, etc.
(Après, je sais que certains auteurs réfléchissent au problème moral posé par la prédation, mais dans tous les cas, ça serait de mauvaise foi de commencer à y réfléchir avant d’avoir modifié ses propres habitudes)
Le premier problème réside donc dans l’injustice de mettre à mort un animal sensible qui veut vivre, le tout sans nécessité. Il n’y a pas de « prélèvement juste ». On peut vivre sans produits animaux, donc le prélèvement juste, c’est un « prélèvement » inexistant.
Il n’est pas question d’accuser quelqu’un en particulier, mais oui, le consommateur de viande a clairement sa part de responsabilité là-dedans. Le consommateur peut rejeter la faute sur le capitalisme ou l’industrie, et l’industrie rejette la faute sur le consommateur parce qu’elle ne fait que répondre à la demande. A un moment il faut prendre conscience de sa part de responsabilité et arrêter de se dédouaner de la sorte. La meilleure façon de ne pas tolérer ces « violences inexcusables » reste à mon sens de se passer de consommer de viande, les souffrances étant inhérentes au système qui les considèrent comme de simples ressources (à des degrés divers, certes, mais même un animal bien traité de son vivant qu’on souhaite ensuite tuer pour consommer sa chair est au final réduit à un réservoir de viande).
De plus, devenir végane est souvent la porte ouverte à une réflexion plus approfondie sur sa manière de consommer, si cette réflexion n’a pas eu lieu avant, pour alimenter le moins possible cette société de profit dont vous parlez. Je ne m’avancerai pas pour vous, comme on se connait pas, mais souvent les gens qui critiquent de cette façon la société de profit ne font ça que pour se dédouaner ou se justifier de ne rien faire, ou du moins de ne pas faire au mieux.
Pour la B12, j’ai pas compris.
Enfin, on ne peut pas tuer avec amour quelqu’un qui ne veut pas mourir. Feriez-vous pareil avec vos enfants, en les traitant bien mais en les tuant au bout du compte pour les consommer ? Peut-être que vous ou d’autres ne vont pas aimer cette comparaison, mais je reste d’avis que si ça vous choque, c’est qu’il y a du spécisme derrière (discrimination arbitraire fondée sur l’espèce). L’animal en a absolument rien à cirer de votre hypothétique « amour » (qui sert surtout à se donner bonne conscience, soyons honnêtes) quand vous lui retirer son bien le plus précieux : sa vie.
Et vous présentez un faux dilemme pour finir : on peut être végane et ne pas consommer d’OGM.

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Romain 18 février 2018 - 14 h 47 min

Merci pour cette réponse. J’essaie au quotidien de limiter mon impact environnemental au sens large. Je limite ma consommation de viande par un souci de consommation d’eau et à cause de toute la chaîne de production qu’il y a derrière. La souffrance animale est une cause supplémentaire mais non la seule pour moi de renoncer à la viande.

Et je m’interroge sur l’antispécisme : les espèces sont différentes, les hommes sont différents entre eux, les hommes sont différents des femmes. reconnaître ces différences et les accepter ne conduit pas à être spéciste, raciste ou sexiste. Ce sont les préjugés qu’on y attache qui conduisent à l’être. En ce qui concerne les animaux ce sont des préjugés sur le manque de conscience ou une supposée insensibilité à la douleur qui posent soucis. Et quand bien même on prouverait le contraire, le simple fait que par empathie nous souffrions pour eux suffit déjà à refuser ce type de traitement.
Pour cela je suis d’accord. Accordons aux animaux le droit de ne pas souffrir. Et appliquons ce droit, et tant qu’on y est appliquons le aux hommes et femmes qui souffrent. Et aussi le droit à une vie digne. je suis d’accord avec ces revendications.
C’est le droit de « qui ne veut pas mourir » qui m’interroge. Je ne suis pas choqué par la remarque sur les enfants mais c’est comme si je vous disiez que vous élevez vos enfants pour les mettre dans une boîte et les faire manger par des vers. C’est choquant, c’est sans doute vrai, cela n’enlève en rien à l’amour que vous leur portez et ça ne fait pas avancer le débat. Pourquoi vit-on ? Vaste question dont chacun pourra trouver sa part de réponse. pourquoi meurt-on ? Là au moins c’est simple : pour que notre vie serve à d’autres. C’est simple, c’est « la nature ».
Donc la question n’est pas de savoir si on veut mourir ou pas (idem pour les animaux) mais à quoi sert cette mort ? Et là, l’humanité s’est arrogé des droits « non naturels » : gaspillage, plaisir, vanité, orgueil, cupidité et j’en passe. Si je mange un animal en intégrant sa vie dans la mienne, je dois le faire avec une conscience aiguë de la responsabilité qui m’incombe : ne pas gâcher cette vie.

Donc ma conclusion est celle-ci : soyons antispéciste et partageons avec les animaux le droit de « prendre la vie », droit que notre sensibilité propre peut refuser d’ailleurs. Mais surtout partageons avec eux le droit de ne « pas prendre la vie » quand cela est inutile et de ne pas gaspiller les ressources (ressources dont nous faisons nous mêmes partie). on pourrait alors passer d’un humanisme prédateur et dominateur de la nature à un « terrien-isme » sorte d’humanisme conscient de ses limites et de celle de sa planète.

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Matmout 19 février 2018 - 10 h 55 min

Merci pour la réponse.

Je précise juste deux choses :
– L’antispécisme s’oppose au spécisme, qui lui, pousse à faire des distinctions ARBITRAIRES entre les espèces. Par exemple, si on ne peut pas moralement tuer un être humain qui veut vivre parce qu’il à des émotions, une conscience de lui-même, etc., alors il n’est pas juste de tuer un animal qui aurait lui aussi cette conscience, cette envie de vivre, etc. Mais attention, l’antispécisme ne veut pas dire qu’on nie les différences entre les espèces, loin de là. Dire qu’une femme a une anatomie différente d’un homme, ce n’est pas sexiste. De même, on peut reconnaître les différences entre espèces sans être spéciste. Le point capital de l’antispécisme, c’est le côté arbitraire de la discrimination. Il ne s’agit pas de mettre tous les animaux sur un pied d’égalité. J’espère que c’est exprimé clairement.

– L’appel à la nature permet de justifier pas mal de choses, mais ne tient pas en fait. On a fait pas mal de choses « contre-nature » qui sont indéniablement des progrès. Avec votre discours, si on est antispéciste, alors on pourrait justifier de tuer quelqu’un dans la rue si c’est fait rapidement, sans qu’il s’en rendre compte, simplement parce qu’on a envie de consommer sa chair, tant que c’est fait en respectant cette vie « donnée ».

Encore une fois, pourquoi se baser sur les comportements des autres animaux, pour justifier ce qui peut être fait, uniquement pour cette consommation de viande ?

Dans tous les cas, il est quasiment impossible de s’assurer que la viande consommée vient d’un animal qui n’aurait pas souffert. Et vous dites de ne pas « prendre la vie » quand ce n’est pas nécessaire. Et bien, dans nos contrées, ce n’est jamais nécessaire.

Reply
Romain 21 février 2018 - 22 h 35 min

Merci pour cet éclaircissement. Je ne suis pas antropophage, ni pour mes enfants ni pour quelqu’un dans la rue. C’est bizarre mais j’ai l’impression à la lecture de vos réponses que c’est une ligne de défense récurrente, comme si la consommation disons de poulet fasse de moi un tueur en série potentiel. Pour le côté arbitraire je l’entends, le comprends et en prend partie. Mais je ne vois pas pas en quoi l’antispécisme n’est pas autant arbitraire ? Puisque vous dites vous même qu' »Il ne s’agit pas de mettre tous les animaux sur un pied d’égalité ». Donc quelle espèce sera moins « égale » qu’une autre ? On a le droit de tuer un moustique mais pas un agneau ? Et sans parler de tuer, quels droit pour quels animaux ? Des droits différenciés ? On s’éloigne de la définition couramment acceptée de l’antispécisme calqué sur celle du racisme ou du sexisme : égalité de droits pour tous. Là, je suis complétement paumé par votre approche de l’antispécisme. Déjà que je rame pour comprendre si cela va dans le bon sens ou pas.

Pour la « nature » je n’ai pas essayé de faire des comparaisons douteuses pour justifier quoique ce soit. Quant à la notion de progrès, je me permet de douter de son objectivité, franchement.

Donc me voilà autant perdu qu’au début : l’antispécisme semble être une mise en relation arbitraire de l’homme aux animaux, guère plus justifiée que le spécisme. Le véganisme me semble être un mouvement politico-culinaire intéressant mais qui sent fortement le réchauffé capitaliste (jetez vos ceintures en cuir et achetez de nouvelles en coton). Et les animaux qui continuent de s’éteindre (mais pas les veaux, vaches, cochons etc. que le véganisme contribue à défendre, les autres !)

Matmout 26 février 2018 - 11 h 36 min

Ah, j’avais pas vu la réponse.

Pour faire court :
– Le spécisme est une discrimination arbitraire (toute chose égale par ailleurs, on discrimine parce qu’un individu donné appartient à une espèce différente de l’autre).
– L’antispécisme s’oppose juste à cette discrimination arbitraire, en disant qu’elle ne tient pas. C’est donc le refus de ce côté arbitraire. Après, on peut très bien discriminer les espèces, mais ça doit être sur des critères fondés. L’antispécisme s’oppose juste au spécisme, mais ne dit finalement pas grand chose de la façon dont on doit traiter tel ou tel cas, si ce n’est que discriminer arbitrairement en fonction de l’espèce ne tient pas. Donc non, par définition, l’antispécisme n’est justement pas arbitraire, c’est un refus de l’arbitraire.
– Pour la partie « égalité », je voulais dire qu’on ne va pas traiter de la même façon chaque espèce (droit de vote aux poules, etc.).

Si vous voulez un exemple de droits pour les animaux, lisez Zoopolis. Mais attention, ça part d’une idée antispéciste, mais ça dépasse très largement ce cadre (et c’est super intéressant en plus, donc je vous le conseille vivement).

Et votre définition de l’antispécisme est fausse : ce n’est pas égalité de droit pour tous, mais refus de la discrimination arbitraire.
C’est « égalité de droit pour tous » est juste utilisée par ceux qui ne comprennent pas l’antispécisme (il y en a même parmi les militants véganes) ou veulent le discréditer.

L’antispécisme ne fait que s’opposer à une injustice (le spécisme), sans proposer particulièrement de solution ensuite. Il faut réfléchir et rajouter des idées ensuite, qui partent de l’antispécisme, mais dépasse très largement son cadre. En gros les discriminations qui resteraient doivent être justifiées par des arguments qui tiennent.

En espérant que ça soit plus clair.

Patricia Mignone 18 février 2018 - 7 h 42 min

Bonjour Ophélie

Moi, tout en étant vegane et anti-spéciste, je milite du coté de la transition.

Dans cet article, tu soulignes un état de fait important – qu’énonce Pablo Servigne dans son livre « Sauver l’Europe en temps de Crise » – c’est que du coté du consommateur, la révolution s’opère dans les cuisines.

Alors que, depuis les années 50, la société de masse désigne la cuisine comme un lieu d’oppression, je trouve important de souligner le rôle majeur des blogueuses veganes et le fait que l’on peut ponctuer le rôle de « maîtresse » de maison à l’inverse d’un confinement minorant mais, au contraire, comme un vecteur majeur de changement sociétal.

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rosenoisettes 18 février 2018 - 21 h 33 min

Bonsoir Ophélie,
Merci pour cet article poignant de vérités !
Les termes véganisme et spécisme font généralement peur, semblent agressifs et rendent coupables certains interlocuteurs. C’est vraiment dommage que ces termes véhiculent ces sentiments ainsi que de nombreux préjugés. Combien de fois m’a-t’on dit que le véganisme n’était qu’une mode ou une folie ? Que ça passerait ou qu’on aurait tôt ou tard des problèmes de santé importants ? Combien de fois m’a-t’on que ‘quand même c’est un peu extremiste d’être végane’…. Il y a un réel problème de communication et pourtant les habitudes changent, en douceur, grâce à des moyens de communications tout aussi militants que les actions des associations L214, Peta, 269 Life…etc, par des blogs de cuisine comme tu le dis si bien mais aussi par le marketing.
Bien que n’étant pas forcément pour la prolifération de produits végans en magasins (souvent pas si bons pour la santé et générateurs d’emballages inutiles) je dois avouer que cela joue un rôle considérable dans la prolifération d’une consommation moindre en produits animaux. Le combat n’est pas encore gagné car il y a encore tant à faire pour changer la consommation des habitants (chacun d’entre nous par la consommation possède le plus grand pouvoir de changement qui soit) mais aussi la condition animale.
Bref, désolé pour ce commentaire un peu décousu, il y a tant à dire sur le sujet et beaucoup à débattre 🙂
Passe une bonne semaine,
Amicalement,
Camille

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Mo 21 février 2018 - 21 h 07 min

Un article passionnant… Des réflexions que je m’étais déjà faites et d’autres que j’ai découvertes. Je crois que tant que les différentes mouvances luttant pour le bien-être animal (antispécisme, véganisme, , welfarisme, végétarisme et autres) n’arriveront pas à s’entendre, elles ne pourront jamais être crédibles auprès du grand public et continueront à se mettre des bâtons dans les roues… C’est pour ça qu’on peut ressentir la honte d’être végan : en se désignant comme végane, il faut être parfait au yeux de cette « communauté », ne jamais faire un écart (même involontaire), sans pour autant devenir un « extrémiste » aux yeux de ses proches omnis… Alors comment on fait? Peut-être faudrait-il commencer par se tolérer mutuellement et par écouter les arguments des gens, même si l’on ne partage pas toujours leur point de vue…
Je comprends la haine des antispécistes « anti-végans » : le combat est long, on a l’impression de ne pas avancer, je me suis déjà moi-même énervée contre L214 et ses pétitions pour l’abolition de l’élevage hors-sol (quand on connaît le sort infligé aux poules, même élevées en plein air…). Cependant ce n’est pas du jour au lendemain que l’on change le monde, et ces petits actes insignifiants sont autant de batailles gagnées, nécessaires à la victoire.
Alors merci de remettre au clair ce qu’est le véganisme par son essence, c’est-à-dire avant de devenir une mode à but commercial…

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E-Marion 22 février 2018 - 2 h 24 min

Bonsoir Ophélie,
Merci pour cet article très intéressant une fois de plus!
Je suis une lectrice assidue de ton blog et ton travail m’inspire beaucoup, je t’ai écrit un mail mais je me permets de te poser ici quelques questions.
Je suis en études de droit et projette de travailler en éthique animale, connaitrais-tu des enseignants-chercheurs dans ce domaine, francophone, anglophone ou hispanophone?
A-t-il été difficile pour toi de trouver un directeur de thèse qui te suive? Me conseillerais-tu de m’expatrier au Royaume-Uni pour ma thèse (sinon je pensais au centre de recherche de Strasbourg qui a l’air très ouvert)!

Merci pour ton travail de vulgarisation, je projette de créer un blog et de faire un travail dans la même idée mais autour de questions juridiques. Même si pour moi le changement pourrait venir des consommateurs, je pense qu’il ne faut pas oublier que certaines règles juridiques permettent bien trop l’exploitation animale et j’ai pour espoir de pouvoir réussir dans mon travail à construire une argumentation juridique qui pourrait permettre de faire changer les choses!

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Antigone XXI 26 février 2018 - 11 h 04 min

Ca y est, je t’ai répondu par email ! J’espère que cela t’aidera un peu ! 🙂

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Joël 26 février 2018 - 14 h 30 min

Merci Ophélie pour ce billet très juste.
Il y a quelque temps, j’ai répondu à une interview de La Terre d’abord, site militant « straight edge » de libération animale. J’avais auparavant réagi à un de leurs articles qui traitait de l’inutilité, voire de la dangerosité, du simili-carné.
J’ai expliqué, en substance, que socialement mais aussi au sein de la famille, l’usage du simili-carné pouvait constituer un réel vecteur d’intégration, et peut-être même de persuasion.
Étant le seul végane de mon foyer, il m’arrive de cuisiner des plats sans référence à la viande. Mais avoir recours aux saucisses, steaks et autres pâtés végétaux est une aide non négligeable… surtout quand on n’a que peu de temps pour soi.
Que voudraient donc ces « purs » ? Déraciner des esprits, comme par magie, des millénaires d’usages culinaires ? Impossible ! Malheureusement, mais c’est un fait, l’humanité s’est construite en partie au détriment des autres espèces (animales comme végétales).
Personnellement, c’est en pleurant devant le film « Earthlings » (« Terriens ») que j’ai réalisé l’ampleur de la maltraitance des hommes envers les autres êtres vivants. Par la suite, la lecture de « Un éternel Treblinka » m’a révélé le lien entre la violence infligée aux animaux par les humains et celle que les humains s’infligent entre eux.
Il est primordial d’élargir notre sphère de compassion. S’il y a eu les massacres des Amérindiens, des Aborigènes, des Arméniens, la Shoah ou le Rwanda, s’il y a aujourd’hui la Syrie, c’est parce qu’il y a depuis toujours cette haine, ce mépris de l’Autre.
C’est la même haine, le même mépris qui sont à l’œuvre dans nos rapports avec les autres espèces.
Ouvrons les yeux ! Travaillons sur nous-mêmes et demandons-nous ce qui, dans la vie, est essentiellement source de joie.
Ne serait-ce pas la Vie elle-même ?
Merci pour ce blog !

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Les remue-méninges de Février 2018 – La Nébuleuse 27 février 2018 - 12 h 40 min

[…] poursuivre cette réflexion, si vous ne l’avez pas fait, je vous propose de lire l’article très complet d’Ophélie. Face à la focalisation parfois excessive sur les pratiques alimentaires elles-même (en […]

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vinylatspring 27 février 2018 - 15 h 31 min

Dans le fond, les animaux sont aussi oppressés par les humains que les groupes ethniques le sont par les blancs et les femmes par les hommes. Je ne vois pas en quoi il y a une différence et en quoi on effacerait les autres luttes (la pluapart des véganes sont contre les autres types d’oppression) même si vous avez raison sur le fait que la réalité sociale des oppressions n’est pas la même et que sans la synthétisation de la B12 nous devrions encore être obligés des produits d’origine animale pour se complémenter.

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Les 10 blogs qui nous inspirent pour changer de vie - La Famille Durable 9 mai 2018 - 8 h 04 min

[…] une grande diversité d’articles pointus, souvent politiques et toujours engagés, comme Faut-il avoir honte du véganisme, ou encore 21 jours pour découvrir le […]

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russo 16 octobre 2018 - 18 h 19 min

c’est pas beau de manger ces pauvres légumes qui souffrent.

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