Mourir pour des idées #CharlieHebdo

 

Je vous avoue que je n’avais pas du tout prévu de commencer l’année ainsi… Je comptais vous proposer un gentil petit article aujourd’hui, pour vous souhaiter tous mes vœux, plein de bonheur et tout le tralala… Et puis je n’ai pas pu. J’étais tellement choquée, blessée, horrifiée que je ne pouvais faire comme si de rien n’était.

Oui, je sais, cet article fera très ‘bonne conscience de gauche’, vous vous direz peut-être : ‘encore un laïus sur la liberté de la presse, le droit à l’expression libre, et bla bla bla…’ et vous refermerez cette page, aussi rapidement que vous l’aurez ouverte. Un énième article pour dénoncer cet attentat…

Oui… et non.

Je n’écris pas simplement pour rappeler que ces valeurs sont fondamentales et que, par un acte abject, aujourd’hui, elles ont été bafouées. Je n’écris pas simplement pour condamner les pratiques barbares d’une micro-minorité de fanatiques que des amalgames aussi rapides qu’erronés associeront à une part plus importante de la population qui n’a rien à voir avec tout cela. Je n’écris pas simplement pour crier au rempart quand ces gestes ne feront qu’un jeu : celui de l’extrême-droite, de l’islamophobie, du communautarisme et du sectarisme.

J’écris aussi et surtout pour rendre hommage. A ces journalistes, ces dessinateurs, ces personnes mortes aujourd’hui pour avoir oser penser.

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Malheureusement non…

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Je ne sais pas vous, mais moi j’ai grandi avec Cabu. On m’en a fourré le biberon avant même que je sache parler et quand j’ai su lire, parmi les premiers livres que j’ai parcourus, il y avait bien sûr le Grand Duduche et Tonton-la-Terreur. A Noël, on offrait invariablement à mon père le dernier Cabu, parfois Plantu, ou encore une anthologie du Canard Enchaîné, et on s’empressait de les lui piquer pour les dévorer sans attendre. On ne comprenait pas tout, mais on riait bien.

Cabu, Tignous, Charb, Wolinski…

Ces dessinateurs, ce sont eux qui ont fait mon éducation politique critique. Eux qui m’ont fait connaître par leurs caricatures Chirac, Rocard, Balladur et toute la clique, avant que je n’en découvre les vrais visages. Eux qui m’ont fait réfléchir et qui m’ont accompagnée voter. Eux qui sont partis et qui nous laissent seuls, le cœur pas vraiment à la rigole.

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Par le dessinateur de Titeuf, Zep

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Au-delà de cette perte immense et de la barbarie de l’acte en lui-même, je ne sais pas ce qui m’horrifie le plus dans cette histoire…

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Qu’il existe des gens pour oser se réjouir sur les réseaux sociaux ?

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Que l’attentat soit illico instrumentalisé par des extrémistes de tout poil ?

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Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France :

« Douleur et colère. Pourquoi Vigipirate n’était il pas au niveau maximum ? Le gouvernement doit s’expliquer (…) Je demande le contrôle de nos frontières et la suspension de Schengen. (…) Unité nationale mais aussi réflexion collective et débat sur les moyens de renforcer la sécurité »

Je tiens à rappeler qu’en Allemagne, on enchaîne les manifestations islamophobes et racistes depuis deux mois… (ouf, pas là où j’habite, et heureusement, il y a des contre-manifs, mais cela n’empêche rien). Alors, pas pitié, ne confondez pas tout et n’envenimez rien.

Et je tiens aussi à mettre en avant les condamnations sans appel de l’attentat, prononcées par les représentants de la communauté musulmane :

Le Conseil français du culte musulman a condamné «avec la plus grande détermination» un acte «barbare», «contre la démocratie et la liberté de la presse», ainsi que l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, qui a dénoncé «de la manière la plus ferme cette attaque criminelle et ces horribles meurtres».

Honnêtement, vous en penseriez quoi si vous deviez vous justifier à chaque barbarie commise par des fanatiques chrétiens ? Un célèbre politologue américain, Robert Pape, a recensé et analysé les mouvements terroristes de par le monde depuis les années 80 dans un livre intitulé Dying to Win : il a montré que les attentats-suicides commis entre 1980 et 2003 avaient en très grande majorité été commis par des non-musulmans. Evitons de croire que, parce que certaines choses sont visibles, elles sont représentatives et majoritaires…

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Source : dessinateur.biz/blog

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Et puis, surtout, qu’à notre époque, on puisse encore mourir pour ses idées ?

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Mince, mais on n’est pas censé être en démocratie ? C’est-à-dire un régime politique où la liberté de parole, la liberté d’information, la liberté de presse et la liberté de pensée sont des libertés fondamentales, le premier des quatre droits de l’homme selon la Déclaration de 1789 ?

Quel crime avaient commis les personnes qui sont mortes ce 7 janvier ?

Oser rire de l’extrémisme de tout bord. Oser dénoncer le fanatisme, peu importent sa source et ses manifestations. Oser en rire. Oser écrire, oser dire, oser penser.

Car frapper ces hommes, ces femmes, c’est frapper la presse toute entière, c’est frapper la liberté. Charb déclarait au Monde en 2012 :

« Je n’ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit, C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux »

Et bien oui, tu n’es pas mort à genoux, Charb, pas plus que ceux qui t’ont accompagné en ce noir jour de janvier, tu es mort debout, mais tu n’es pas mort pour rien, car nous ne céderons pas.

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Source : Je suis Charlie

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Pour finir, je tiens à rappeler le soutien de Charlie Hebdo à la protection animale. Charlie est en effet le seul journal français à consacrer chaque semaine une colonne aux droits des animaux. Pour cela aussi et de tout cœur, merci à eux.

Source : L214

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Je vous laisse sur la douce voix de Georges Brassens, en vous remerciant pour votre soutien et vos partages.

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