… ce n’est pas si facile ?
Et si pourtant, contrairement à la chanson, être une femme libérée, c’était un peu plus facile qu’on ne le croit ?
Je m’éloigne un peu de nos petits-déjeuners aujourd’hui pour, une fois n’est pas coutume, aborder un sujet féminin et intime. Cela ne veut pas dire pour autant que les hommes qui liraient ces premières lignes devraient fermer les yeux et changer de page, non, non, restez ici : ce sujet vous concerne presque tout autant. D’ailleurs, plusieurs études réalisées dans les années 80 et 90 ont souligné combien la construction socio-culturelle autour des menstruations était avant tout dominée par une perspective masculine, qui a tôt fait de ranger ce thème au rang du tabou. C’est ce discours qui a fait des règles quelque chose de ‘sale‘ qui, par conséquent, devrait être caché, relégué dans la sphère intime et exclusivement féminine. Il est intéressant de noter, à ce titre, que toutes les sociétés n’ont pas la même approche de la question : certaines communautés séparent temporairement les femmes du reste du groupe en les considérant comme ‘impures’, tandis que d’autres vont, au contraire, encourager la proximité sexuelle au moment des règles, qui deviennent alors symboles de vie.
C’était la minute ‘socio-anthropo’… tout cela pour dire que les hommes peuvent rester et qu’ils sont même les bienvenus ici. Revenons maintenant à nos moutons. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous présenter un produit dont je ne pourrais plus me passer et qui a, disons-le, révolutionné ma vie de femme.
Je ne suis pas la première à traiter de la question : beaucoup d’autres l’ont fait avant moi. Ceci n’est donc pas une nouveauté, mais comme j’ai encore pas mal d’amies qui n’ont pas franchi le cap, je me dis que la pédagogie est à base de répétition et qu’une revue de plus ne fait jamais de mal. Aujourd’hui donc, il sera question de coupe menstruelle.
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Alors, bien sûr, si j’aborde ce sujet, c’est parce qu’il a plusieurs volets : à la fois écologique, économique et éthique.
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La coupe menstruelle, qu’est-ce que c’est ?
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Avant toute chose, il faut que vous sachiez qu’en moyenne, en France, une femme utilise 5 tampons ou 5 serviettes jetables par jour, et ce, pendant 5 jours tous les mois (je sais, vous vous dites que ce n’est pas toujours le cas et que je parle de la femme parfaite, là, programmée à l’avance et quasiment en latex… mais non, c’est une moyenne !). Un petit calcul nous amène à 300 protections périodiques par an: sachant que 16 millions de Françaises sont en âge d’avoir leurs règles, cela signifie que 4 800 000 000 tampons/serviettes sont utilisées et jetées dans l’année… Vous imaginez ? Près de 5 milliards par an – et seulement en France !
On pourra rajouter que les processus de fabrication de ces protections sont extrêmement polluants : selon Greenpeace, il s’agirait même d’une des industries les plus polluantes au monde. Cette pollution est d’abord dû à la production même des ces tampons et serviettes : utilisation de produits chimiques, blanchiment, etc. Mais aussi à tout ce qui entoure ces protections : emballages, applicateurs… sans compter les parfums de synthèse et autres substances comme le chlore ou certaines résines peu sympathiques que nous serons heureuses d’héberger dans nos vagins.
Ces déchets, bien sûr, sont majoritairement non dégradables, même si la filière de protections périodiques biodégradables se met tout doucement en place. Les tampons finissent donc dans la cuve de nos toilettes – c’est-à-dire dans la mer où les petits poissons sont particulièrement contents de les prendre pour des vers à gober. Les serviettes sont soit incinérées, soit enfouies et, dans le second cas, il leur faut la bagatelle d’un demi-siècle pour se dégrader. Entre temps, les petits microbes ont eu le temps de batifoler et de proliférer gaiement.
Bref… pour l’environnement, ce n’est pas la fête.
Pour la femme non plus, à dire vrai, ce n’est pas l’idéal. Sans rentrer dans les détails, rappelons que les protections jetables sont un nid de bactéries et sont, entre autre, une des principales sources de mycoses. Sans compter d’autres effets secondaires, non des plus agréables : assèchement, allergies, dégradation de la flore vaginale…
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Comment se présente la coupe menstruelle ?
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✿ Il s’agit d’un réceptacle en silicone médical en forme de cloche qui s’utilise comme système alternatif aux tampons et serviettes hygiéniques. Il existe de nombreuses marques sur le marché, chacune avec ses particularités mais, grosso modo, les différences sont faciles à percevoir et vous saurez très rapidement quelle coupe est la mieux adaptée à vos besoins. J’ai pour ma part opté pour une MoonCup – une marque qui propose deux modèles : pour femmes n’ayant jamais eu d’enfants et pour femmes ayant déjà accouché. A partir de là, facile de savoir lequel vous correspond.
✿ La coupe menstruelle demande, il est vrai, un peu de pratique au début : il faut avant tout être détendue, ensuite, on ne se pose plus la question et c’est très facile à utiliser. Elle se change moins souvent que les tampons, toutes les 12h environ, en raison de sa capacité plus importante. Il suffit simplement de la stériliser au préalable, puis de la vider et de la nettoyer à l’eau à chaque fois.Tout est expliqué très clairement sur le mode d’emploi et, une fois bien posée, on oublie complètement sa présence.
✿ Pourquoi l’adopter ? J’imagine que, comme un certain nombre de femmes, il vous est arrivé de vous trouver dans des situations d »urgence’ et qu’il n’est jamais agréable de devoir rentrer précipitamment chez soi ou d’aller demander à sa boss avant une réunion: ‘Euh, vous n’auriez pas un tampon par hasard ?’… Avec la coupe menstruelle, fini ces désagréments !
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La coupe est :
- pratique : pas besoin de trimbaler son lot de tampons sur soi et de vérifier si ‘tout va bien’ en pantalon blanc. Avec la coupe, fini les inquiétudes : pas de mauvaises surprises…
- écologique : on en change seulement une fois tous les 10 ans – ça va, on fait rarement mieux. Elle est d’ailleurs aussi bonne pour moi que pour l’environnement puisqu’elle n’est pas blanchie avec des produits irritants.
- économique : à raison d’entre 20 et 30€ la coupe, on a vite battu le pic des 1000€ pour dix ans calculé par Mlle Pigut pour les protections jetables ordinaires.
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Les questions que vous vous posez certainement…
– Est-ce que c’est sale ?
En dépit des préjugés, c’est mille fois plus hygiénique que les protections jetables ! La coupe est bien conçue pour qu’on ne s’en mette pas partout et, avec elle, finies les mauvaises odeurs causées par la macération. Pour les utilisatrices de tampons, adieu la vilaine ficelle qui traîne un peu partout… Pour celles restées aux serviettes, dites au revoir à l’humidité constante qui favorise les mycoses. La coupe est stérilisée avant chaque période de règle, ce qui garantit sa propreté optimale.
– Mais, si je suis sportive?
Ici, aucun souci, la coupe est conçue pour que les femmes ne restent pas bloquées au lit ! Pour ma part, je cours, nage, fais du yoga, du vélo… sans avoir jamais rencontré de problèmes, et en plus, la coupe empêche la fixation d’eau de piscine (chlore = javel) sur les muqueuses, naturellement fragiles.
– Je ne mets jamais de tampons : comment faire ?
Que vous soyez une très jeune fille peu habituée encore à utiliser des tampons ou que vous ne soyez pas à l’aise à l’idée de toucher votre corps, la coupe menstruelle est justement la solution idéale pour apprendre à mieux connaître votre corps et à vous l’approprier. Après des années à utiliser des tampons et à en être parfois gênée, je me suis sentie mieux dans mon corps et beaucoup plus à l’aise avec mes règles quelques mois seulement après ma première utilisation de la coupe.
– Où la trouver ?
Vous trouverez aisément différentes marques (MoonCup, Luna Cup, Keeper, DivaCup, LadyCup…) en magasin biologique ou en pharmacie.
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En bref, mis à part un début toujours un peu déroutant, on se fait très vite à la coupe menstruelle. Pour moi, elle a symbolisé un processus d »empowerment‘ et une véritable libération. Je n’ai plus l’impression de ‘subir’ ma féminité, mais plutôt de me sentir mieux que jamais dans mon propre corps ! Je ne la conseille donc pas seulement, mais je la recommande chaudement à toutes celles qui ne sont pas encore tombées dans la coupe magique… L’essayer, c’est l’adopter !
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Pour plus de renseignements :
- le site très complet de EasyCup où vous trouverez toutes les réponses à vos questions
- le site francophone de la MoonCup
- les revues réalisées par Laura et Mlle Pigut, suivies de discussions très intéressantes
358 comments
Bonjour, connaissez-vous cette cup : https://www.la-vie-naturelle.com/coupe-menstruelle-pliable.html avez-vous un avis dessus ? Car je cherche à acheter une coupe menstruelle qui n’est pas nocive pour ma santé.
Bjr,
Pour le moment j’utilise des tampons bio. Je me dirige plus vers des culottes de règle. J’essaie de trouver celles qui me conviendront le mieux. Je trouve cela plus pratique et moins contraignant.
Je trouve dommage que tu ne publies plus. J’aimais bien ta rubrique sur la bibliothèque féminine et autres articles.
Bsr,
Je viens enfin de m’acheter des culottes menstruelles et j’en suis ravie. A voir à l’utilisation.Cela devrait me suffire car j’ai des règles peu abondantes.
Heureuse de te lire Ophelie ! J’utilise la Moon Cup depuis 7ans maintenant. J’avais à l’époque trouvé un tuto video sur YouTube pour comprendre comment bien l’insérer. Parfois encore j’ai des fuites mais je ne changerai pour rien au monde !
Bonjour la cup a vraiment changé ma vie surtout pour début ou fin de règles : au début je la mets en place un peu à l’avance quand je dois me déplacer au moins elle est là pas besoin de chercher une protection en urgence (top en vacances à la plage)
Pour les petits flux elle est hyper confortable ça glisse tout seul à l’opposé des tampons qui irritent quand peu imprégnés
Par contre compliqué quand même en cas de règles hémorragiques
Merci pour le partage c’est dans un article de blog que j’ai découvert que ça existait… A plus de 40 ans !
J’étais très enthousiasmée par la coupe menstruelle et je me suis obstinée à l’utiliser pendant plusieurs mois mais c’était une vraie galère. Ayant une endométriose et un syndrome des ovaires polykystiques, j’ai des règles très abondantes, et même en ayant pris la taille la plus grande possible (j’en ai essayé plusieurs), elle était pleine au bout de quelques heures à peine. Je me suis retrouvée plusieurs fois à devoir la vider et la remettre aux toilettes à mon travail, plusieurs fois dans la journée, ce qui était tout sauf pratique. Je passais mes journées à redouter le moment où elle déborderait. Donc pour moi, c’était tout sauf libérateur. Au contraire, j’avais l’impression d’être esclave de mes règles, qui sont déjà un enfer pour moi pour les raisons de santé que j’ai citées. Je me suis rabattue sur les serviettes lavables mais ça m’arrive encore d’utiliser des serviettes jetables, en voyage par exemple, faute de solution plus adaptée. Mais si la cup convient à d’autres femmes et leur permet de se sentir plus libres, tant mieux, c’est super ! C’est juste que la coupe menstruelle est souvent présentée comme LA solution écologique pour les protections hygiéniques, et du coup j’en suis venue à culpabiliser de ne plus l’utiliser. Je ne critique pas l’article, mais je trouve que de manière générale, ce serait bien quand on parle de la cup de préciser que ça ne fonctionne pas pour toutes les femmes.
J’utilise la cup depuis 3 ans et je ne changerai pour rien au monde ! Pourtant j’ai mis à peu près un an à m’y mettre après l’avoir acheté lol je m’en faisais tt un monde et pour moi ça a été vraiment libérateur (pourtant j’ai de l’endométriose et parfois les douleurs sont telles que l’insertion n’est pas aisée…)
Je ne supportais plus rien même en bio. Que ce soit tampons ou serviettes, j’enchaînais les réactions (petite mycose, allergies…). Car tu n’en parles pas dans ton article mais c’est une zone où on absorbe toutes les saloperies que les industrielles mettent dans leurs produits (pour que ce soit bien blanc, que ça sente bon ou dieu sait quoi… pcq un tampon brun c’est pas vendeur )
Et je trouve que ca m’a permis de me réapproprier mon corps et ce qui s’y passe. On est souvent conditionné par ce que tu évoques : c’est sale, ahhhh… beurk.
Alors qu’en fait pas du tout! Et d’autant avec la cup.
Bref ! J’encourage grandement toutes celles qui hésite à passer le cap.
Merci pour cet article !
J’ai adopté la mooncup en 2006 et théoriquement j’aurai du en changer en 2016… Mais bon elle est toujours là, fidèle au poste ! Mon anatomie n’a pas semblé avoir changé et la coupe est toujours aussi efficace.
J’ai du repasser aux tampons/serviettes jetables pendant quelques jours de vacances où je l’avais oubliée, quelle horreur ! J’avais oublié l’odeur, le fil qui traine et ce truc que tu sors de toi quand il est plein… Je n’y reviendrai pour rien au monde.
J’ai la chance d’avoir un flux léger donc je la vide uniquement le soir sous la douche. Normal quoi…
Je me prenais la tête au début à la faire bouillir entre chaque cycle et puis au bout de quelques mois, je me suis contentée de la laver au savon.
Ça suffit largement si on est propre (et qu’on lave correctement ses affaires :D).
Voilà mon témoignage, j’espère que ça va se populariser car ça me fait toujours frémir quand j’entends que des gens sont écœurés ou trouvent le sang sale… Quelle époque… (j’ai 36 ans)
Bonjour, merci pour cet article. J’ai essayé la coupe menstruelle durant plusieurs mois, et je ne l’utilise plus aujourd’hui. Je n’ai eu aucun problème à la mettre ni à la retirer, et au début j’étais plutôt conquise par son utilisation. Mais au bout d’un moment, des choses ont commencé à me gêner. Tout d’abord, les petits « trous » nécessaires à je ne sais plus quoi se bouchaient avec le sang, et la coupe « n’adhérait » plus aussi bien. Ensuite, parfois, de l’air entrait et cela me faisait mal, je ne sais pas expliquer comment, ça faisait un effet ventouse désagréable avec les mouvements. J’ai également eu des fuites, assez régulièrement. Et pour finir, je n’ai plus supporté me mettre quelque chose dans mon vagin. J’ai donc abandonné cette option pourtant écologique et économique. J’ai ensuite essayé les culottes menstruelles, mais je trouve que l’entretien est très contraignant : il faut les rincer juste après les avoir portées. Donc jusqu’à la prochaine machine je ne sais pas quoi en faire, elles sont trempées et je ne sais pas où les stocker. Il m’en faut donc au moins une dizaine pour ne pas être obligée de les laver à la main, et vu le prix, cela est compliqué. Quand je les lave, elles sentent ensuite toujours un peu le « moisi » et l’odeur des règles… Je ne raconte pas tout cela pour troller, je suis juste une humaine banale qui n’a pas encore trouvé de solution écologique pour ses menstruations, et je me sens un peu nulle de ne pas trouver toutes ces inventions révolutionnaires, libératrices et pratiques.
Bjr Vanessa,
Vous ne devriez pas vous sentir nulle. Vous avez essayé plusieurs choses et pour le moment aucune ne vous convient. Chacune fait du mieux qu’elle peut en attendant de trouver ce qui est le plus favorable pour soi.
Bonjour Vanessa,
J’utilise des serviettes en coton pour mes menstruations que j’ai acheté aux US où je vis. La marque Gladrag recommande les rincer après usage puis de les laisser tremper dans un seau (perso j’utilise une casserole de camping en enamel) dans de l’eau froide jusqu’au lavage. Je change l’eau une fois par jour et ça me permet de tenir pendant quelques jours. Je lave mes serviettes en machine à l’eau froide et les sèche à l’air, parfois au sèche-linge. J’ai commencé avec quelques serviettes de jour et une de nuit en complément de non-réutilisable et au fur et à mesure, j’ai complété ma « collection ».
Je peux comprendre ce que vous ressentez. Il m’a fallut du temps avant de trouver la bonne solution pour moi.
Bonjour Ophélie, merci pour cet article, c’est chouette de te lire ici à nouveau!
petit témoignage : j’ai franchi le pas de la cup il y a des années car je trouvais ça super au niveau écolo ET pour mon vagin, mais…
Malheureusement, après avoir testé différentes marques et différentes tailles, je suis toujours confrontée au même problème : j’ai des pertes. Quelque soit la position d’insertion, le type de pliage, rien à faire, j’ai toujours des pertes.
Pour un truc sensé se faire oublier, on repassera. Peut-être que juste ma morphologie n’est pas adaptée, sur IRM pour tout autre chose on m’a dit que j’avais un utérus rétroversé (je crois^^) .
Du coup je compile cup et culottes lavables pour les grands jours, mais je suis encore loin du confort et l’oubli des règles dont je rêvais…Surtout lors du sport par exemple, quand à la piscine je mets exceptionnellement des tampons (bien que je trouve ça nul éthiquement parlant).
SI d’autre femmes ont des expériences similaires et des « trucs » qui marchent, je suis intéressée 🙂
J’ai porté une cup pendant un moment et j’ai du arrêter. J’avais des crampes terribles, même avec les petites tailles, et mon stérilet est sorti. Je suis donc passée aux serviettes en coton et j’adore. Ce n’est pas toujours pratique c’est sur, mais j’adapte ma vie et mes activités en fonction de mon cycle. J’ai toujours ma cup au cas ou j’en aurai besoin mais c’est très occasionnel.
J’adore le concept de la cup et la recommande toujours, pour au moins l’essayer 🙂 et les serviettes en coton.