Le problème des pâtes à tartiner maison, c’est que c’est si bon qu’on a tendance à plonger les doigts dans le pot… et qu’on a tôt fait de s’en mettre plein partout.
Enfin, ça, chez moi, c’est une tendance constante : disons que je ne sais pas ce que c’est que ‘cuisiner proprement’. Pour moi, la cuisine, c’est toujours et fatalement du chocolat noir sur mon T-shirt blanc, du sirop d’érable dans les cheveux, les gouttelettes de la grenade qui vous a sauvagement explosée au visage lorsque vous tentiez de la couper, l’arrière de mon jean recouvert d’empreintes de purée de noix, et des babines délicieusement revêtues de tout ce qu’il y avait de comestible à ma portée. Je sais, je ne suis pas très maline, je n’ai toujours pas investi dans un tablier… Mais je crois que même recouverte d’un sac poubelle ou d’une combinaison de scaphandrier de la tête aux pieds, je finirai toujours les habits tout tachés.
Comme je ne me suis pas encore décidée à cuisiner nue, j’ai tendance à jeter illico au linge sale tout ce que j’ai pu porter après une session popote – autrement dit, très souvent.
Pendant longtemps, je m’en tenais bêtement et simplement à ma lessive en poudre, la plus simple et la moins chère du marché, sans plus me poser de question. Et puis, je me suis un peu renseignée… comment ça, ça pollue la lessive ? Bah pourtant, ça lave le linge, ça ne peut pas salir la planète en même temps ?
Et bien si, petite maline…
Tu crois que les détergents, agents de blanchiment, chélatants, composés alcalins et autres additifs sympathiques comme les conservateurs et colorants sont des petites bêtes inoffensives ? Tu crois que ça va où toutes ces petites particules une fois ton linge propre ? Les eaux usées libérées dans la nature, ça ne te dit rien ? Tu n’as jamais entendu parler des modulateurs endocriniens ? Et des écosystèmes mis sans dessus dessous du fait des rejets des stations d’épuration ? Et tu crois que ça vient d’où la lessive ? Euh… l’industrie pétro-chimique, ça ne sonne pas une petite clochette dans ta tête ?
Bon, si vraiment tu ne jures que par les chimpanzés qui lavent plus blanc que blanc et que tu as la flemme de lire la centaine d’articles en ligne sur l’impact écologique des lessives chimiques, jette au moins un coup d’oeil ici, ce sera déjà ça.
En attendant, j’aimerais vous présenter un produit complètement écologique que j’affectionne pour laver mes chaussettes. J’ai nommé : les noix de lavage !
Alors, les noix de lavage, qu’est-ce c’est ?
Ce sont les fruits d’un arbre qui pousse essentiellement en Asie – d’où l’autre appellation de ‘noix indiennes’. Le sapindus mukorossi est un petit arbre, qui porte aussi le nom d’‘arbre à savon’, qu’on trouve généralement en lisière de champs et de jardins, ou encore en forêt et dans des zones non-cultivées. Puisqu’il s’agit d’un arbre qui pousse librement, la récolte de ses fruits ne met pas en péril les cultures vivrières adjacentes – de toute façon, la demande est encore bien inférieure à la quantité de noix cueillies, donc pas de risque de sur-exploitation de ce côté-là non plus. D’autant que l’arbre à savon n’est pas exploité pour son bois et qu’il constitue avant tout une activité complémentaire pour les populations locales. Donc, en utilisant les noix de lavage, vous ne risquez ni d’accroître la déforestation ni l’exploitation des petits paysans – et bénéf supplémentaire, vous ne risquez pas d’abîmer la planète. Certes, on fait venir ces noix d’Inde, ce qui génère des émissions de CO2, mais la pollution engendrée est bien moindre que celle d’une lessive chimique traditionnelle, car celle-ci voyage tout autant, utilise des matériaux d’emballage (comptons l’impact de leur fabrication, mais aussi celui de leur transport) et… je n’ai peut-être pas besoin de rappeler ce que j’ai dit plus haut !
Vous allez me dire: ok, ça a un joli nom cet arbre, mais comment ses noix pourraient nettoyer mon linge ? Et tu comptes rajouter de la poudre d’amande comme assouplissant ?
Alors, ces noix lavent le linge – je vous assure. Comment ça marche ? En fait, la coque de la noix contient une substance légèrement collante qui contient de la saponine et qui opère comme un savon naturel. Dans l’eau froide, rien ne se passe, mais lorque la noix entre en contact avec de l’eau chaude (à partir de 30°C), la saponine se dissout et engendre une solution savonneuse douce agissant comme un détergent – à savoir, elle dégraisse, nettoie et assainit. Que demande le peuple ?
Les autres avantages des noix de lavage : elles n’abîment pas les tissus, préservent les couleurs, sont hypoallergéniques et permettent de laver des tissus délicats. Bonus : puisqu’elles adoucissent naturellement le linge, pas besoin d’ajouter d’assouplissant – c’est toujours ça de moins.
Ajoutons que les noix sont entièrement biodégradables et que les résidus des noix peuvent toujours finir sur le tas de compost – à moins que vous ne souhaitiez lancer la noix indienne comme accessoire indispensable à votre galerie de bijoux faits maison !
Je n’ai pas encore testé, mais les noix peuvent aussi être utilisées ailleurs que dans le tambour de votre machine. Je n’ai pas de lave-vaisselle, mais apparemment, les noix remplaceraient aisément les tablettes ou poudres pour traiter une vaisselle modérement sale. Egalement, en décoction, vous obtenez un concentré de saponine, dont vous pouvez vous servir pour laver le linge à la main, ou en guise de shampooing, savon liquide, nettoyant universel, produit phyto-sanitaire, et apparemment également comme… répulsif contre les moustiques ! Promis, si je teste, je vous fais un petit compte-rendu !
Last but not least, les noix de lavage sont extrêmement économiques. On peut effectivement les utiliser plusieurs fois : 2 à 4 fois pour des lessives entre 30°C et 50°C et 1 à 2 fois entre 60°C et 90°C. 1 kilo de noix de lavage permet de réaliser entre 180 et 250 lessives, soit 10€ pour 1 an, à raison de 2 à 3 lessives par semaine… voilà qui devrait rassurer les petits budgets !
Alors, comment ça marche ?
C’est très facile: les noix sont vendues avec un petit sac en tissu (si vous le perdez, vous pourrez toujours utiliser une chaussette !) que vous remplissez de 2 à 4 coques environ avant de le placer bien fermé dans le tambour de votre machine. Comme les noix de lavage n’émettent aucun parfum, libre à vous d’ajouter quelques gouttes d’huiles essentielles pour retrouver l’illusion créée par les marchands de lessive conventionnelle : si ça sent bon, c’est que c’est propre et sans danger… Bon, là, moi aussi j’avoue, j’aime bien que mes T-shirts sentent l’orange ou la vanille… alors quand j’y pense, j’ai le réflexe huiles essentielles. Une fois la lessive terminée, il ne vous reste plus qu’à retirer le petit sac de noix et le conserver pour une prochaine fois !
Si vous voulez laver du linge vraiment sale, alors ces noix peuvent s’avérer moins efficaces que les lessives chimiques. Dans ce cas, pas de souci : pour les taches persistantes ou pour le linge blanc, je rajoute tout simplement 1 cuillère à café de bicarbonate de soude, et le tour est joué !
Que dire de plus ? Je n’utilise maintenant plus que des noix de lavage, pour des raisons écologiques, humaines, sanitaires – et j’en passe. Quand vraiment j’ai une tache difficile, alors je la frotte auparavant avec un peu de savon d’Alep et/ou du bicarbonate. Certains producteurs de noix préconisent d’utiliser un blanchissant écologique en cas de grisonnement du linge – personnellement, je n’ai jamais eu ce problème, donc pas de produit supplémentaire chez moi.
Bref, pour moi ces noix sont un peu des petits fruits magiques… que je ne remplacerais en aucun cas !
Vous les trouverez en magasin biologique, au rayon lessive – surprenant !
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[…] notamment le cas d’AntigoneXXI, qui les a adoptées. Elle a d’ailleurs fait un article dans lequel elle raconte son expérience. C’est vraiment très […]